Cet
article est publié en commun avec nos camarades du blog Memorial 98,
que nous vous invitons à consulter et
avec qui nous avions lancé
l'appel pour le 12 mai
OPERATION
POULPE
Après
les manifestations du 12 mai : poursuivre la mobilisation.
Ne
pas laisser passer: tel était pour nous le sens de l'exigence lancée
à la Préfecture de Police et à la Mairie de Paris pour qu'elles
prennent les mesures nécessaires afin que néo-nazis, nostalgiques
de Vichy et fascistes du 3e millénaire ne défilent pas une nouvelle
fois dans le centre de Paris le 12 mai.
Nous
ne sommes pas naïfs: en une année de gouvernement de gauche, seules
deux manifestations de l'extrême-droite ont été interdites et ce
en début de mandat :
une à Lyon et une à Paris, toutes deux organisées par la branche
jeunesse de l'Oeuvre Française, les Jeunesses Nationalistes
Depuis,
c'est le laisser faire quasi-total, alors même que se multiplient
les actes de violences contre les membres des « minorités »,
ainsi que les attaques signées d'une croix gammée, d'une croix
celtique, du sigle du GUD ou des Jeunesses Nationalistes contre les
lieux de culte, les locaux associatifs ou politiques. Ainsi lors
des manifestations homophobes contre le mariage pour tous, les divers
groupes fascistes et intégristes s'en sont donnés à cœur joie
dans le style du fantasme de « Février
1934 ».
Cette
semaine de mobilisation annuelle des groupes fascistes s’est
inscrite dans ce contexte. Outre les manifestations parisiennes du 12
mai autorisées par la préfecture de Police, des actions ont été
organisées le jeudi 9 mai, à Lyon, à Rennes et dans d'autres
régions par les Jeunesses Nationalistes.
Les
forces de police ont bien mis en oeuvre des mesures répressives :
pas contre les fascistes, mais contre celles et ceux qui ont,
fort légitimement, tenté de s'opposer aux parades néo-nazies.
Ainsi
à Lyon, une contre-manifestation antifasciste le 9 mai a donné lieu
à l'arrestation immédiate de 25 militantEs, dont six ont vu leur
garde-à-vue prolongée après les premières 24H, tandis que leurs
soutiens venus manifester au commissariat voyaient leur identité
contrôlée. Pendant ce temps, les Jeunesses Nationalistes
manifestaient, sous protection policière.
À
Rennes le même jour, c'est la mobilisation des antifascistes et pas
celle des pouvoirs publics qui a empêché la tenue du rassemblement
des Jeunesses Nationalistes,
À
Paris, la Préfecture de Police qui trouve parfaitement normal et
conforme à l'ordre public de laisser défiler des milices
néo-pétainistes et des jeunes gens vêtus de noir faisant le salut
fasciste a infligé une garde-à-vue de 9 heures aux Femen venues
déployer une banderole anti-nazie, sous le prétexte de s’être
livrées à une « exhibition
sexuelle ».
On notera au passage le parallélisme de cette qualification
policière et les nombreuses insultes sexistes et vulgaires proférées
à l’encontre des Femen par les manifestants d'extrême-droite.
L’attitude
des autorités face à notre appel apporte un triste démenti à
celles et ceux qui objecteraient l'existence d' « autres
méthodes plus respectueuses des règles » pour
empêcher l'exhibition publique de la haine raciste, antisémite,
sexiste, homophobe. En effet, notre appel a connu une diffusion
importante, à la fois sur les réseaux sociaux, sur les sites
de collectifs et d'organisations antiracistes. Le journal l'Humanité
a relayé notre appel dans son intégralité. Nous remercions
notamment la LDH Toulon, Ras l'Front Rouen, le collectif antifasciste
de Bordeaux et tant d’autres qui ont diffusé et publié cet appel
. De très nombreux mails ont été envoyés, à la Préfecture de
Police, au Ministère de l'Intérieur, au Maire de Paris.
Les
différentes autorités ont autorisé les différents défilés et
ont de surcroît préféré opposer un silence quasi-total à nos
demandes. L'exception concerne le cabinet du Maire de Paris, qui a
prétendu avec une certaine hypocrisie n'être aucunement concerné
par nos messages, en nous renvoyant vers la Préfecture de Police.
Pourtant, en 2008, le Maire de Paris avait lui-même demandé au
Préfet l'interdiction de ces mêmes manifestations et l’avait
obtenue. Il est vrai qu'à l'époque, il s'agissait d’un
gouvernement de droite ;
la dénonciation de sa complaisance face à l'extrême-droite offrait
des avantages politiques plus immédiats à la veille d'élections
municipales.
C'est
grâce à la mobilisation de tous ceux qui refusent le silence et la
passivité face à l'offensive fasciste que l’atmosphère peut se
modifier et entraîner aussi les grandes organisations antiracistes:
ainsi SOS Racisme nous a fait savoir qu’elle avait de son côté
demandé l'interdiction mais sans juger utile, à notre connaissance,
de communiquer publiquement sur le sujet.
«
Ils n'étaient que quelques centaines, et même moins que l'année
dernière » lit-on ici et là en guise de commentaire face
aux parades du 12 mai. Mais l'examen attentif de la situation dans
l'Hexagone montre, certes que les néo-nazis et fascistes assumés ne
sont souvent que « quelques centaines », voire « quelques
dizaines » lors de leurs actions. Mais ces actions se
démultiplient sur le territoire, et se déroulent chaque semaine.
D'autres
encore affirment qu'il s'agit là d'une mouvance, certes dangereuse,
mais isolée. La réalité est cependant autre : les Jeunesses
Nationalistes sont parfaitement intégrées aux manifestations
homophobes, il arrive même, comme à Lyon le 5 mai dernier , qu’en
alliance avec le GUD, elles prennent la tête d'une de ces
manifestations et en chassent Frigide Barjot.
Partout
en Europe, l'ascension de l'extrême-droite « légale »,
va de pair avec celle des courants qui prônent ouvertement la
violence et assument publiquement l'héritage des fascismes du XXe
siècle. Partout en Europe, la dédiabolisation de l'extrême-droite
légale va de pair avec la tolérance sur les agissements de
l'extrême-droite radicale et violente, présentée par les pouvoirs
publics, de droite ou hélas de gauche comme un « épiphénomène ».
En
France comme ailleurs, d'ailleurs ces deux extrême-droite sont liées
organiquement et au quotidien : ainsi ce mercredi 15 mai,
l'invité de « 3ème
Voie »
au local parisien de Serge Ayoub est Robert Ménard, journaliste reçu
sur de nombreuses chaînes de télé et de nombreux médias
radiophoniques et qui a déjà annoncé sa probable candidature aux
municipales à Béziers dans le cadre du Rassemblement Bleu Marine,
censé constituer l'aile « modérée » du FN.
Nous
continuerons à ne rien laisser passer, à dénoncer inlassablement
l’extrême-droite et ses idées de xénophobie et de haine, à
montrer au gouvernement de gauche que celles et ceux qui l'ont porté
au pouvoir n'acceptent pas les parades fascistes comme un mal
nécessaire.
MEMORIAL
98
OPERATION
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