vendredi 28 juin 2013

Les multiples visages de la Troisième Voie

"Rien de ce qui est en puissance ne passe en acte autrement que par quelque chose qui est déjà en acte." Aristote.

Après le meurtre de Clément Méric, l'étendue des liaisons de Serge Ayoub, qui fréquentaient son Local et venaient y donner des conférences a commencé à être évoquée, d'abord dans les médias antifascistes, puis un peu dans les médias capitalistes.

A cette occasion, Julien Landfried, candidat du PS aux législatives a du s'expliquer sur une conférence donnée au QG des collègues d'Esteban Morillo. Le candidat a expliqué qu'il était venu sans savoir où il allait, invité par une « organisation tout à fait respectable », le Cercle Aristote .
Les choses en sont restées là. Manifestement, personne n'a été intéressé par la nature exacte de ce fameux « Cercle Aristote », qui a effectivement tenu ses conférences pendant plusieurs années chez Serge Ayoub.

Pourtant les informations de première main sur ce Cercle Aristote pouvaient être obtenues assez facilement par la gauche et l'extrême-gauche : il suffisait de demander à Jacques Nikonoff, fondateur d'ATTAC président du M'PEP, signataire de l'appel à la manifestation antifasciste unitaire du dimanche 23 juin, qui y a donné une conférence le 5 juillet 2011, sur la « sortie de l'euro », tout comme Aurélien Bernier, autre membre du MPEP, en 2012. Conférence annoncée sur de nombreux sites d'extrême-droite, naturellement, vu le sujet.


Le MPEP appelle à la manifestation antifasciste et relaie une organisation amie de 3ème Voie

« Et alors ? , la conférence du Cercle Aristote en question ne se tenait pas chez Serge Ayoub », nous dira immédiatement le lecteur craignant l'amalgame.

A vrai dire, nous sommes férus d'amalgames. Nous pensons effectivement que personne n'organise de réunions chez Serge Ayoub par hasard, et qu'à partir de là le Cercle Aristote ne peut pas être une « organisation respectable ». Nous pensons aussi que personne ne peut aller au Cercle Aristote sans savoir de quoi il s'agit et avoir des intérêts politiques communs avec ses membres. Nous pensons donc que la simple présence du président du M'PEP à une de ces conférences aurait du amener son exclusion immédiate de l'appel unitaire antifasciste.

C'est sectaire et scandaleux ? Peut-être, mais en réfléchissant de la sorte, en tout cas, les autres signataires de l'appel unitaire auraient pu éviter l'ignominie que vient de leur infliger le M'PEP : quelques jours après avoir signé cet appel en hommage à Clément Méric, le M'PEP publie un article du Cercle des Volontaires, organisation d'extrême-droite qui diffuse la propagande des assassins du jeune antifasciste , le groupe 3ème Voie de Serge Ayoub.

Rien d'étonnant là dedans, rien d'imprévisible : en effet le M'PEP n'a pas « dérivé » brusquement, le M'PEP fait partie d'une mouvance qui regroupe des gens venus de droite et d'extrême-droite, et des gens de la gauche et de l'extrême-gauche. Le Cercle Aristote, auquel plusieurs membres du MPEP ont donné des conférences est une des émanations de cette mouvance. Or ce type de  regroupement est la définition même d'un mouvement fasciste. Et au cœur de cette mouvance, l'on va retrouver Jacques Nikonoff et Bernard Cassen, deux fondateurs d'ATTAC, l'association altermondialiste, qui dans les années 2000, a été le pivot du nouveau protectionnisme de gauche.


Le Cercle Aristote, un espace « transcourants » fondé par le Président des Amis d'Eric Zemmour

Le président du Cercle Aristote,Pierre Yves Rougeyron interrogé par Riposte Laïque dans un entretien de 2010, expliquait que son objectif est de « refaire un peu de lien social et d’unir des gens en dehors des anathèmes, des flics de la pensée et des tenanciers de fiche de police. ».

Au Cercle Aristote, se croisent en effet des invités venus d'univers militants très différents : aux côtés des hommes de gauche évoqués ci-dessus, des négationnistes du génocide rwandais, par exemple l'ancien ambassadeur Ndajigimana, Jacques Cheminade de la secte antisémite « Solidarité et Progrès », Jean Claude Martinez, ancien vice-président du FN, Michel Drac, fondateur d'Egalité et Réconciliation, et co-auteur d'un livre avec Serge Ayoub., Pierre Sidos de l'oeuvre Française.

Le président du Cercle Aristote Pierre Yves de Rougeyron vient de la droite : ancien jeune UMPIste, il a ensuite fréquenté Paul-Marie Couteaux, le souverainiste qui a rallié Marine Le Pen officiellement l'année dernière. Il est également président de l'Association des Amis d'Eric Zemmour. Le secrétaire général du Cercle Aristote, Romain Bessonnet, se présente, lui, comme venu du PCF et membre du MRC de Chevènement.

Une mouvance structurée autour d'une association pour la sortie de l'euro, 
revendication historique du FN

C'est d'ailleurs en s'intéressant aux activités de Romain Bessonet, que l'on réalise très vite que les liens entre le M'PEP, Jacques Nikonoff ,d'autres membres de la gauche souverainiste et nationaliste et le Cercle Aristote vont bien plus loin qu'une simple conférence. En fait ils se sont concrétisés dans une organisation commune, ouvertement « transcourants », partisane du nationalisme le plus échevelé : L'Association manifeste pour un débat sur le Libre Echange et la Sortie de l'Euro.

Romain Bessonnet y est notamment remercié par la rédaction du site de cette association pour une étude comparative sur les droits de douane chinois et européens ( et dans la liste des liens amis, l'on trouve le Cercle Aristote.)

L'association a été notamment fondée du côté gauche par Bernard Cassen ancien directeur du Monde Diplomatique et fondateur d'ATTAC,  mais aussi par certains conférenciers du Cercle Aristote comme Julien Landried, le membre du PS qui était allé au Local d'Ayoub, et Aurélien Bernier du MPEP. Parmi les fondateurs , on retrouve aussi deux intellectuels appréciés à la fois par les sites d'extrême-droite et de gauche nationaliste, Emmanuel Todd et Jacques Sapir.Mais également Aquilino Morelle, ancien membre de l'équipe de campagne d'Arnaud Montebourg et actuel conseiller de François Hollande.

Du côté droit, Hervé Juvin , dénonciateur du « changement de population » et du métissage, ( voir ici un entretien au site d'extrême-droite Enquête et Débat), également conférencier du Cercle Aristote. Mais aussi  Jean Luc Gréau , ancien expert du Medef, Hakim El Karaoui, ancien conseiller de Jean-Pierre Raffarin, Gerard Schaffhauser, qui pourfend le mariage pour tous dans les colonnes d'Atlantico, ou Gerard Lafay économiste qui participe à des tablesrondes sur les retraites avec Marine Le Pen ( voir la liste intégrale des fondateurs sur la capture d'écran ci-dessus ou directement sur le site ici.).

Le fond du discours de cette association reflète sa composition . Tout est bon dans le front, à condition qu'il soit national : protectionnisme , souverainisme, dénonciation du capitalisme financier et défense des petits patrons , conspirationnisme anti-européen et anti-mondialisation mais indulgence et même louanges envers divers chefs d'Etat réactionnaires et autoritaires. Quant à la « sortie de l'euro », c'est évidemment LE débat propice à l'extrême-droite, interclassiste et nationaliste, ne menaçant en rien les intérêts des patrons, mais permettant de faire passer la vulgate la plus chauvine pour une rébellion anticapitaliste

On trouvera donc sur le site de l'association aussi bien des textes du M'PEP que de l'UPR, groupe d'extrême-droite fondé par l'ancien directeur de cabinet de Pasqua, aussi bien des prises de position d'Attac que celles d'Aymeric Chauprade, acteur de l'extrême-droite identitaire, auteur récent d'une ode à Dominique Venner, avec qui il collaborait autour de La Nouvelle Revue d'Histoire.

Cassen ( Bernard) , les néo-nazis et les victoires contre BHL

On se souviendra à ce propos des récents cris de victoire de Bernard Cassen dans les colonnes du Monde Diplo, suite à son procès remporté contre BHL, qui l'avait confondu avec son homonyme Pierre Cassen de Riposte Laïque, et avait parlé de « fricotage » entre crânes rasés identitaires et l'ex-directeur du Monde Diplomatique.

Certes Bernard Henry Lévy , avec son habituelle absence de travail sérieux et de rigueur , caractéristique commune à la plupart des « plumes de presse », a confondu deux Cassen. Mais enfin, il se trouve que les deux viennent de la gauche, et que les deux fricotent effectivement avec des gens de la mouvance identitaire et néo-fasciste, même si Aymeric Chauprade, publié par l'association dont Cassen (Bernard) est fondateur n'a pas le crâne rasé.

D'ailleurs, en ce qui concerne le Bloc Identitaire, attaqué dans la tribune pour laquelle Cassen ( Bernard ) a porté plainte, on ne peut pas dire que Cassen ( Bernard ) lui voue une haine quelconque. La preuve, il n'a pas jugé utile de se démarquer dans son communiqué de victoire , de celle obtenue le même jour par le Bloc contre ce même BHL , pour la même tribune, et ce alors que certains articles de presse liaient évidemment les deux condamnations . N'importe quel militant de gauche sincère , et ce , quels que soient ses griefs contre Bernard Henri Levy serait pourtant gêné de la confusion , et de l'impression de front commun qu'elle donne ...Mais évidemment, comme ce front commun extrême-droite/extrême-gauche est clairement assumé par Bernard Cassen au sein de l'Association pour un Débat sur le libre-échange et la sortie de l'euro, il n'a aucune raison d'être gêné.

Troisième Voie et chemins de traverse vers le fascisme

Il y a donc bien une seule et même mouvance politique structurée autour de thèmes communs et à laquelle appartiennent à la fois des groupes et des personnalités de la gauche nationaliste, notamment le M'PEP, et une partie de la rédaction du Monde Diplomatique, également des groupes comme le comité Valmy et le PRCF et des groupes et intellectuels de l'ultra-droite et de l'extrême-droite, comme le Cercle Aristote, l'UPR, Nicolas Dupont-Aignant ou Serge Ayoub. Une mouvance politique se définit bien par des mots d'ordre communs, et des sphères politiques reliées entre elle par des militants communs.

Personne ne peut parler de liens fortuits ou de rencontres occasionnelles, quand ces groupes et personnalités se croisent au sein de structures fondées en commun  où les publications de personnalités liées aux néo-nazis voisinent avec celles des rédacteurs du Monde Diplo , où des conférences comme celles du Cercle Aristote accueillent les uns et les autres , quand les uns font la publicité des sites des autres, et inversement, quand Nikonoff appelle à voter Dupont Aignant, ou qu'Egalité et Réconciliation publie du Nikonoff, ou que le MPEP publie Le Cercle des Volontaires, en lien avec le groupe d'Ayoub.

Le pot commun des uns et des autres, c'est bien la 3ème Voie, ni, droite, ni gauche, Nation. Le pot commun des uns et des autres, c'est bien le conspirationnisme anti-mondialiste ( Pierre Hillard est publié aussi bien par 3ème Voie que par le site de l'association manifeste pour un débat sur le libre échange et également invité par le Cercle Aristote ), la rhétorique chauvine, souverainiste et ultra-nationaliste, la dénonciation de la tyrannie des minorités et celle, bien évidemment de l'antifascisme.

Cette mouvance politique se présente comme "anti-système", et ses membres venus de la gauche ont en général un argument récurrent quand on pointe leurs collusions avec l'extrême-droite.Celle-ci ne serait qu'un "épouvantail" et les antifascistes des "idiots utiles du système" qui se gardent bien de dénoncer les "vrais" détenteurs du pouvoir politique et économique : mais comme on l'a vu, en réalité, dans cette mouvance où l'ultra nationalisme est le trait d'union, les membres de la social-démocratie au pouvoir, comme des représentants du patronat cotoient les soit-disant "rebelles" d'extrême-droite et de la gauche altermondialiste.

Certes, au sein de ce conglomérat, la partie venue de la gauche et notamment ses personnalités qui ont le plus à perdre en respectabilité se garderont bien d'aller directement parader avec Serge Ayoub dans la rue. C'est la raison pour laquelle existent des structures passerelle aux noms moins connotés que «  3ème Voie », Cercle Aristote ou "Association manifeste pour un débat sur le bire échange et  la sortie de l'euro", c'est tout de même plus vague. De même côtoyer Hervé Juvin, ardent pourfendeur du métissage, peut toujours se justifier avec l'argument du brillant économiste, qui certes ne marche pas pour Serge Ayoub.

Mais les idées, les positionnements politiques sont bien les mêmes, déclinées selon le public auquel on s'adresse, avec des nuances de radicalité diverses et avec des pratiques variées C'est ce qui caractérise une mouvance. Dont aucun membre ne devrait en tout cas figurer sur un appel antifasciste.

jeudi 6 juin 2013

L'extrême-droite tue. Elle parle aussi.

Le 18 juin 1990, James Dindoyal était assassiné par plusieurs membres des JNR, le groupe de Serge Ayoub, à qui TF1 ce matin, donne du monsieur.

Un de ses assassins, Regis Kerhuel, faisait occasionnellement le SO du FN contre rénumération.

Le 18 avril 1995, Imad Bouhoud était noyé par d'autres boneheads, dont David Beaune qui collait souvent des affiches du FN au Havre.

Le 1er mai 1995, Brahim Bouarram était jeté dans la Seine , pendant le défilé du FN.

Ensuite, pendant des années, alors que le FN poursuivait son ascension, le discours a consisté à dire que les néo-nazis avaient disparu, que l'extrême-droite avait muté.

Serge Ayoub est revenu en France, on l'a vu dans les défilés FN, il a tranquillement ouvert un Local en plein Paris, au départ en partenariat avec Alain Soral. C'est lui qui a accueilli les premières grosses réunions de Riposte Laïque, assuré leur service d'ordre pendant certaines manifestations. En 2010-2011, les commentateurs assidus de Fdesouche organisaient souvent des réunions de rencontre dans ce même local.

Aujourd'hui, de nouveau, la terreur fasciste a frappé.Clément Méric a été battu à mort.  L'Etat se résoudra à dissoudre quelques groupes, à faire quelques descentes qui permettront l'arrestation de quelques nervis, dont chacun s'accordera à dire, que tout de même, il serait exagéré de les amalgamer avec le FN. Comme avec l'ensemble des personnalités qui ont des raisons respectables d'être racistes, antisémites, homophobes, sexistes et qui naturellement n'auraient aucun lien avec quelques marginaux néo-nazis et assassins.

Le 15 mai dernier au local de Serge Ayoub, se tenait une conférence sur les « médias et la pensée unique ». Son intervenant principal était Robert Ménard, candidat à Béziers soutenu par le FN.

Les crânes rasés boneheads n'ont jamais été que le bras armé des notables respectés, de la chair à canon qu'on sacrifie en cas de « pépin », puisqu'on pourra les remplacer en pourrissant les cerveaux
avec de la haine exprimée en toute légalité.



Le 12 mai dernier, toute l'extrême-droite néo-nazie défilait à Paris. Un appel était lancé pour demander l'interdiction des défilés, il rappelait notamment les meurtres commis par la même mouvance dans les années 90. Les autorités municipales et gouvernementales avaient choisi de laisser ces défilés se tenir

mardi 4 juin 2013

Wikipedia et SIDA: quand l' "encyclopédie" en ligne valide les thèses lepénistes.

Vous êtes prof. A l'occasion d'un exposé, un élève vous dit qu'en France , un malade du SIDA, c'est un "sidaïque". Vous vous indignez, il vous répond que c'est dans le dictionnaire. Ne le soupçonnez pas d'avoir des parents intégristes ou encartés au FN, il ne ment pas, il l'a bien lu dans ce qui constitue désormais « le » dictionnaire de référence le plus utilisé : Wikipedia.

C'est au tout début de l'entrée SIDA Syndrome d'immunodéficience acquise, premier paragraphe , 4ème ligne . Cette entrée Wikipedia constitue le deuxième lien non-publicitaire lorsqu'on fait une recherche Google avec le mot SIDA. On imagine le nombre de lecteurs et lectrices.Comme en témoignent les captures d'écran ci-dessous, cet version de l'article est en ligne depuis au moins mars 2012



D'ailleurs si vous avez moins de vingt-cinq ans et que vous lisez notre article, à cause de cette entrée Wikipedia, vous êtes peut-être très surpris d'apprendre qu'il y a un problème avec le terme « sidaïque ». Vous n'étiez pas nés ou tous petits quand Jean Marie Le Pen inventa ce terme de sinistre mémoire lors de l'émission L'Heure de vérité, le 6 mai 1987, sur Antenne 2. «Le sidaïque, si vous voulez, j’emploie ce mot-là, c’est un néologisme, il n’est pas très beau mais je n’en connais pas d’autre, celui-là, il faut bien le dire, est contagieux par sa transpiration, ses larmes, sa salive, son contact. C’est une espèce de lépreux, si vous voulez», affirmait alors le président du Front national, qui souhaitait également enfermer les malades du sida dans des «sidatoriums» . La terminaison des deux néologismes sidaïque et sidatorium , était évidemment très ambigüe, renvoyant vraisemblablement à « judaïque » et  à "crématorium".( 1)

Naturellement, tous les modérateurs/modératrices de Wikipedia ne sont pas des jeunes gens de moins de vingt-cinq ans. Le seraient-ils d'ailleurs, et ignoreraient-ils le sens précis du terme « sidaïque », qu'ils ne pourraient pas invoquer cette ignorance : quand on prétend éditer une encyclopédie en ligne, on se renseigne.

Encore faut-il pour cela ne pas être totalement perméable aux thèses de l'extrême-droite, notamment parce qu'on estime qu'elles sont des opinions comme les autres qui ont droit de cité dans le monde merveilleux de la démocratie participative en ligne , où à la finale, tout le monde est un « gentil contributeur » virtuel, dont les agissements réels ne doivent jamais être discutés.

A lire l'ensemble de l'article SIDA, on va voir que les gentils contributeurs fascistes ont effectivement contribué, et pas seulement dans le premier paragraphe, réussissant à faire de cette entrée un nid de mensonges et de contre-vérités d'autant plus difficilement décelables qu'ils sont placés dans un texte comportant évidemment des généralités sur le virus, l'épidémie et les moyens de s'en protéger.

Parfois, pour mesurer l'avancée des théories anti-scientifiques et l'efficacité de leur propagation par les extrême-droites en France, un comparatif international n'est pas inutile : par exemple, en consultant la version anglaise de l'entrée SIDA/VIH, les «particularités » de la version française sautent aux yeux.

Dès sa huitième partie, un titre étrange retient l'attention : «  Contestation de la parenté entre VIH et SIDA ». Ce paragraphe intervient avant la partie « historique » qui détaille la découverte de l'épidémie et l'état des connaissances sur ses origines. Il renvoie immédiatement vers un article détaillé et spécifique nommé de la même manière. Un nouveau renvoi vers cet article est fait dans la partie 14, avec un titre encore plus étrange «  les dissidents ». Un dissident, dans le langage commun, c'est un opposant à un système totalitaire et dictatorial, et c'est aussi la manière dont se nomment eux-même les théoriciens d'extrême-droite, en général et notamment les négationnistes.

« Négationnisme » : ce mot qui n'apparaît nulle part dans ces deux paragraphes du texte français est justement celui qui est utilisé dans le texte anglais de Wikipedia pour traiter de ce que le texte français appelle « contestation » et « dissidence ». Cette partie du texte anglais est située tout à la fin de l'article et son titre entier est «  Denial , conspiracies , and misconceptions » : "Négation ou déni, théories de la conspirations et idées fausses". La différence est flagrante. Du côté anglais, un paragraphe en bas de page sur des phénomènes politiques qui n'ont rien à voir avec le débat scientifique sur le VIH et le SIDA. Du côté français, une présentation de ces mêmes phénomènes politiques comme une « contestation » au sein du débat scientifique global.

La même différence existe, concernant le fond de l'article consacré aux négationnistes du SIDA dans les deux versions de l'encyclopédie en ligne, qu'il s'agisse de leur résumé dans l'article SIDA ou de la version longue : en anglais, il est question de « petits groupes et d'individus », en français de « certaines personnes ou groupes »(2).

En français, dès la première ligne est fait mention du « virologue » Pete Duesberg, ce qui laisse penser que le négationnisme du SIDA est une contestation scientifique. En réalité, les théories de Duesberg n'ont rien de scientifique et tout de la rhétorique homophobe et réactionnaire, Duesberg a notamment attribué l'épidémie à l'usage du poppers. Les « théories » de Duesberg ont été définitivement démontées depuis le milieu des années 90, il a notamment été prouvé que sa méthode d'investigation consistait à écarter systématiquement tous les résultats n'allant pas dans son sens. Cela n'empêche pas qu'il bénéficie de deux entrées spécifiques dans le Wikipedia français,une sur son nom et l'autre intitulée « Hypothèse de Duesberg ».

Dans la version anglaise, les effets concrets des théories négationnistes dans le pays où elles ont été reprises par le pouvoir politique, l'Afrique du Sud sont exposées d'entrée : les scientifiques évaluent à 340 000 décès le résultat des politiques du président Thabo Medki qui cautionnait les délires des tenants de l'inexistence du lien entre HIV et SIDA. Dans la version française, nulle mention de ce désastre sanitaire et de ses conséquences meurtrières, bien au contraire, l'opération de propagande qui l'a justifié est qualifiée de « conférence contradictoire ».

La spécificité du Wikipedia français concernant le rapport à ces théories politiques saute donc aux yeux. En France, ces théories sont présentées comme des «  alternatives » au savoir scientifiquement établi sur l'épidémie.

Or si le terme « négationnisme » est bien approprié pour les qualifier, c'est bien parce qu'elles reposent exactement sur les mêmes fondamentaux que le négationnisme appliqué à l'histoire du génocide commis par les nazis sur la population juive : refus total de la démarche scientifique au prétexte que la science qualifiée d' « officielle » n'est qu'une « religion » parmi d'autres, théories conspirationnistes sur les intérêts « occultes » de l'ensemble des membres de la communauté scientifique, présentation des quelques scientifiques tenanciers de ces théories comme « preuve » irréfutable de leur sérieux. Le tout repose également sur l' inversion de la charge de la preuve : ce ne serait pas aux tenanciers de ces théories de prouver qu'elles sont vraies, mais à la communauté scientifique de prouver qu'elles sont fausses.
Mais évidemment, dès que la réalité se charge de démontrer l'absurdité des discours négationnistes, les négationnistes changent leurs fondamentaux : initialement, la plupart des négationnistes du SIDA brandissaient comme "preuve" de leurs théories le fait que les anti-rétroviraux étaient soit disant inefficaces et aggravaient l'état du système immunitaire. Lorsque les progrès scientifiques ont permis l'élaboration de traitements très efficaces, les négationnistes ont alors changé de braquet : le critère de l'efficacité des traitements n'avait plus aucune importance et ne prouvait plus rien.

Comment en est-on arrivé là dans la version française de Wikipedia ? C'est assez simple : ses animateurs ont simplement avalisé un rapport de forces quantitatif : lorsqu'on examine l'historique de la discussion de cet article, on remarque dès 2005, une arrivée en force des tenants des théories niant l'existence du SIDA. Ceux-ci tentent des modifications incessantes de l'article, et devant les quelques protestations réagissent en rafale et en noyant la discussion sous une pluie de références issues de leur littérature, exigeant des vérifications et des contre-argumentaires en permanence.

Finalement, la modération, au lieu de les exclure pour ce qu'ils sont objectivement, des faussaires et des militants politiques, décide de créer une entrée spécifique consacrée à leur thèse. Il ne s'agit pas comme dans la version anglaise, d'informer sur l'existence d'un courant anti-scientifique venu de l'extrême-droite , mais de laisser une place à ce qu'un modérateur appelle des «  théories alternatives ». 



Les charlatans ont gagné : en effet ils vont évidemment pouvoir utiliser cette entrée pour promouvoir leurs thèses, et Wikipedia avalise leur méthode d'inversion de la charge de la preuve. Ce sera à leurs contradicteurs éventuels de démontrer que leurs théories sont fausses, eux n'auront pas eu besoin de démontrer qu'elles sont vraies pour qu'elles soient qualifiées de « théories alternatives ».

Evidemment,  ce fonctionnement n'a absolument rien à voir avec celui d'une encyclopédie du « savoir » : dans le monde de Wikipedia, la connaissance se construit donc entre des individus réduits au statut faussement égalitaire de « contributeurs », qui,  sur n'importe quel sujet peuvent modifier les entrées du moment qu'ils sont un certain nombre à s'exprimer. Une minorité d'individus remettant en cause l'état du savoir construit scientifiquement peut donc faire ériger les pires balivernes en « théorie alternative ».

Tout ceci serait juste pitoyable si Wikipedia n'était pas aujourd'hui considéré comme la source de savoir référente de l'internet. Ceci aboutit à ce que chaque jour, un nombre important de personnes souhaitant se renseigner en toute bonne foi sur le SIDA, pense que les malades doivent être qualifiés du terme inventé par Jean Marie Le Pen et finissent leurs lectures en étant persuadés que le VIH n'existe peut-être pas, et qu'il n'est donc pas forcément utile de se protéger.

Ce n'est pas tout : lorsqu'on a avalisé le triomphe de l'irrationnel et du mensonge anti-scientifique propagé par l'extrême-droite, la porte est définitivement ouverte à leurs thèses. Nous avons recensé en complément d'autres points de l'article bourrés de contre-vérités allant dans leur sens.

Petit florilège non exhaustif

#« Suite à la synthèse de plusieurs études, il a été montré que l'usage du préservatif lors de chaque rapport et de manière correcte fait baisser le risque d'infection de 85 % »

Gros choc et énormes inquiétudes évidemment : ce que dit la phrase, c'est que le risque de contamination serait tout de même important même avec un préservatif utilisé correctement. Soit ce que prétendent notamment tous les propagandistes religieux, qui affirment que le préservatif peut « laisser passer le virus » et autres fadaises.

D'où sort ce chiffre ? D'études qui ont effectivement montré d'une part, que l'usage du préservatif ne protégeait que dans des conditions d'utilisation optimales : mais dans les faits , le préservatif est parfois mis après le début de la pénétration, non enfilé correctement, le bout n'est parfois pas pincé en le mettant. Parfois aussi le préservatif est trop petit ou trop grand, ce qui occasionne son déchirement ou son glissement ( explications dans cet article ). Ces facteurs expliquent le fait que des contaminations se produisent malgré le port du préservatif, mais contrairement à ce que dit Wikipedia, pas si le préservatif est « utilisé de manière correcte ».

En fait, le « gentil contributeur » a joué avec le résultats des études, en ne précisant pas leurs conditions, leurs objectifs et leurs limites : si ce chiffre de 80% en est sorti, c'est d'une part à cause des problèmes d'utilisation évoqués ci-dessus, mais aussi parce qu'il n'était pas possible de connaître exactement les pratiques à risque des différents groupes testés. Par exemple, parmi les personnes n'utilisant pas les préservatifs, certaines pouvaient avoir moins de rapports sexuels que les personnes en utilisant, ou privilégier des pratiques à risque moins élevé de contamination. De même, ces études observationnelles ne permettaient pas de connaître le taux de personnes déclarant utiliser un préservatif et l'utiliser correctement, mais qui en réalité étaient juste gênées de dire qu'elles ne l'utilisaient pas ou pas toujours, ou de manière incorrecte.

De plus ces études ont été réalisées dans un cadre bien précis : évaluer la nécessité de la promotion d'outils de protection et de soin complémentaires dans les campagnes de prévention. Par exemple, celle des outils de prophylaxie pré et post pratiques à risque,mais aussi celle de campagnes plus fréquentes et détaillées sur les modalités précises de l'usage correct du préservatif

A aucun moment, il ne s'agissait de remettre en cause l'efficacité de l'utilisation individuelle du préservatif et ce n'est pas ce que disent ces études qui rappellent qu'un préservatif bien utilisé protège totalement.

#«  Si l'abstinence protège évidemment à 100 % contre les transmissions par voie sexuelle, l'efficacité des campagnes d'informations prônant uniquement une abstinence sexuelle n'a pas été démontrée statistiquement dans les pays à hauts revenus où toutes les formes de prévention sont disponibles. Il n'est donc pas possible de savoir à quoi ont eu recours les personnes concernées par les études ».

Cette phrase se situe tout à la fin de la partie « prévention », une partie où le préservatif a été décrit comme « diminuant » seulement les risques d'infection individuelle...et voilà qu'en comparaison, Wikipedia nous propose l'abstinence comme « protection à 100% ».

C'est l'argument choc des réactionnaires et de l'extrême-droite : effectivement si l'on n'a pas de rapports sexuels, on ne peut pas être contaminé par le virus par voie sexuelle.

De même si l'on ne mange pas, l'on est sûr de ne pas être victime de la maladie de la vache folle, et si l'on ne prend pas l'avion, on ne risque pas d'avoir un accident d'avion.

Réactionnaires et religieux rétorqueront que de toute façon, prôner des règles comportementales telles que l'abstinence «  ne peut pas faire de mal » et n' « oblige personne ».

Mais dans le réel, les choses sont bien plus complexes l'abstinence n'est jamais prônée seule, elle s'accompagne de discours condamnant les « non-abstinents » et ses promoteurs poussent vers des choix politiques bien précis , qui ont réellement aggravé l'épidémie.

C'est la raison pour laquelle notre « gentil contributeur » emploie cette étrange tournure de phrase  concernant l'efficacité statistique des campagnes d'information prônant l'abstinence qui n'aurait pas été prouvée «  dans les pays à haut revenus »...laissant ainsi sous-entendre qu'elle aurait été prouvée ailleurs , et donc, logiquement, dans les « pays à bas revenus ».

Or, effectivement, à certains moments de l'épidémie, les campagnes de promotion de l'abstinence ont bien été les seules financées dans des pays « à bas revenu » .Cela a été le cas lorsque le gouvernement américain était républicain : au début des années 2000, en Ouganda, l'administration américaine double le financement des mouvements chrétiens conservateurs pour les campagnes sur l'abstinence et dans le même temps, le président ougandais stoppe la distribution de préservatifs à bas prix ou gratuits, sous la pression de ces mouvements. Le secrétaire général des Nations Unies à l'époque dénonce une catastrophe sanitaire pour le pays, qui avait justement connu un coup d'arrêt à la propagation de l'épidémie grâce à ces programmes de distribution.

La promotion de l'abstinence n'est jamais un moyen neutre, elle s'inscrit dans un corpus idéologique global, qui dénonce certaines pratiques sexuelles ( rapports homosexuels ou avant le mariage ) et culpabilise ceux qui enfreignent une règle morale. Ceci n'a rien à voir avec la prévention des risques , contrairement à ce que prétend Wikipedia en classant l'abstinence dans le chapitre prévention.

De plus, même dans des pays où les promoteurs de l'abstinence ne sont pas assez puissants pour imposer une norme aux autorités publiques, les dégâts faits par la simple propagande ne sont pas nuls : notamment à cause de l' « effet relapse » : c'est à dire le fait pour une personne qui s'est auto-imposée une norme ultra-contraignante de brusquement la transgresser en ayant du coup des comportements à risque sans aucune protection.

#Dans la partie intitulée « chez les toxicomanes », un paragraphe concerne les programmes d'échange de seringues : L'efficacité de ces mesures reste toutefois controversée : par exemple, certaines études34 ont montré qu'à Montréal, ceux qui participent aux programmes « seringues stérilisées » ont apparemment un taux de transmission plus élevé que ceux qui n'y participent pas. De plus, les associations de lutte contre la drogue reprochent à ces mesures de rendre la toxicomanie plus accessible et de ne pas assez insister sur les possibilités de désintoxication. Elles mettent en avant que résoudre le problème de drogue, résoudrait un des modes de transmission du sida.

Ce paragraphe est la conclusion d'une partie très orientée, d'abord dans son titre : dire toxicomanes et pas usag(e)res de drogue n'est pas innocent, car c'est essentialiser une pratique en catégorie sociale figée. De plus sont immédiatement présentées de manière équivalente un parti pris moral, celui de l'abstinence, et une démarche de prévention. D'ailleurs le « gentil rédacteur » a pris son parti : « la meilleure façon est bien évidemment d'éviter de consommer des drogues », injonction purement morale et de plus très extensive par rapport au sujet .En effet , la notion de « drogue » est extrêmement large , et toutes les substances et pratiques de consommation ne sont pas concernées par le risque de contamination au VIH. Une nouvelle fois, l'on n'est donc pas du tout dans la présentation des savoirs existants propres à une encyclopédie mais dans le parti pris idéologique.

Et ce parti-pris idéologique s'accompagne d'un mensonge flagrant doublé d'une présentation tronquée d'une réalité globale.

Chez les professionnels de la santé publique, l'efficacité des programmes d'échanges de seringue n'est plus « controversée» : aujourd'hui, les études réalisées sont suffisantes pour démontrer que ces programmes ont  probablement jugulé l'épidémie dans les pays où elles ont été mises en place de manière précoce, tandis que leur absence a causé des milliers de contaminations dans les pays qui ont refusé très longtemps ces programmes, comme la France.

Evidemment, cette efficacité des programmes n'est pas un « remède-miracle », une barrière sanitaire absolue en soi : les politiques de prévention des risques sont un faisceau de pratiques mises en place par les pouvoirs publics et l'ensemble des acteurs sociaux, pas une mesure unique. De plus, leur efficacité est évidemment impactée par l'environnement socio-économique et culturel du pays donné, par l'ensemble des stratégies politiques concernant les usagers et usagères. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les études visant à faire des comparatifs internationaux sur des pratiques ciblées comme l'échange de seringues sont difficiles à interpréter. Mais parler de « controverse » est un pur mensonge.

De même présenter l'étude réalisée à Montréal comme une preuve que les programmes d'échange de seringue peuvent augmenter le taux de contamination est une contre-vérité : on a effectivement constaté une progression plus forte de la contamination chez les personnes fréquentant un PES dans une étude , mais énormément de facteurs étaient en jeu, comme le détaillent des articles prenant en compte cette étude : elle intervenait dans une période de pic global des contaminations, et ce qu'a conclu l'étude, c'est que le programme d'échanges de seringues n'était pas suffisant dans ce contexte, sans doute parce que la seule accessibilité au matériel d'injection stérile n'était pas en soi le déterminant exclusif du non-partage des seringues. Pouvaient intervenir par exemple, les pratiques de partage du produit . Dans ce cadre, la contamination par contact avec des seringues, des cupules ou de l'eau de dilution contaminées peut constituer un mode de transmission indirecte du VIH (et du VHC) en dehors de toute notion de partage de seringues.

Interpréter le résultat de cette étude en une phrase déformant ses conclusions complexes et en déduire une remise en cause de l'efficacité des programmes d'échange de seringue est donc une pure manipulation.

Elle repose sur une méthode extrêmement efficace, utilisée d'ailleurs dans tout l'article : mettre les études en anglais et en lien, comme « preuve » de ce qu'on assène , en sachant bien que presque personne n'ira les lire en détail. Au delà, il est toujours très simple -et très malhonnête- de prendre en exemple les failles de telle ou telle politique de santé publique pour en affirmer l'inefficacité et prôner à la place des règles morales séduisantes par leur côté absolu : une politique de santé publique, c'est la confrontation avec le réel , avec tout ce que cela comporte d'imperfections, de ratés, de tâtonnements et de progression dans le temps. Une injonction morale, c'est abstrait et réconfortant. Mais les injonctions morales n'ont jamais stoppé les épidémies.

Notes

(1) Quelques mois plus tard, en septembre 1987, Jean Marie Le Pen fait d'ailleurs sa sortie restée tristement célèbre sur le "détail de l'Histoire" que constitueraient les chambres à gaz,  à l'époque les provocations néo-nazies ne sont pas rares dans son discours....

(2) Pour un exposé clair et détaillé des théories dont il est fait mention dans ce texte, des méthodes utilisées par leurs propagateurs et de leurs objectifs, un article excellent et synthétique, malheureusement en anglais disponible ici

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Note de la rédaction : cet article est destiné à informer sur la pénétration des thèses d'extrême-droite et réactionnaires sur Wikipedia. Il n'émane ni d'associations de lutte contre le VIH/Sida, ni de scientifiques, ni de professionnels de santé. En conséquence si vous cherchez des informations sur le VIH/SIDA, sur sa prévention , sur les traitements, ou sur la réduction des risques pour les usagers/usagères de drogues, nous vous invitons à consulter les sites de référence sur le sujet ou ceux des associations de lutte et de défense des concernéEs,  par exemple:

http://www.sida-info-service.org/
http://www.aides.org/ 
http://www.actupparis.org/

http://www.reductiondesrisques.fr/
http://www.asud.org/


Notes

(1) Quelques mois plus tard, en septembre 1987, Jean Marie Le Pen fait d'ailleurs sa sortie restée tristement célèbre sur le "détail de l'Histoire" que constitueraient les chambres à gaz,  à l'époque les provocations néo-nazies ne sont déjà pas rares dans son discours....

(2) Pour un exposé clair et détaillé des théories dont il est fait mention dans ce texte, des méthodes utilisées par leurs propagateurs et de leurs objectifs, un article excellent et synthétique, malheureusement en anglais disponible ici 

MISE A JOUR

Ce 4 juin, moins de deux heures après la publication de notre article, l'entrée SIDA a été modifiée, le terme "sidaïque" reste, mais son origine lepéniste est mentionnée

 On verra ce qu'il advient par la suite...Notons cependant que la version incriminée dans notre article est présente depuis plus d'un an , au minimum. Ci-dessous copie d'écran de la version de l'article au 28 mars 2012 ( nous ne sommes pas remontés plus loin pour le moment.)