mercredi 8 février 2012

Marine Le Pen, la candidate des patrons.

Il suffit que la candidate du Front se déplace devant une usine où elle ne rencontrera personne ou aux Halles de Rungis  pour faire la bise à un commerçant , pour qu'une nuée de journalistes la suive et s'interroge ensuite sur son "succès auprès de la France qui se lève tôt et des ouvriers".

Par contre l'invitation qui lui a été faite par Ethic, une association de patrons présidée par Sophie De Menthon, fervente sarkozyste et membre du staff d'Atlantico , et surtout le succès qu'elle a rencontré auprès de la centaine de chefs d'entreprise présents, n'a guère rencontré d'échos dans les médias, hormis dans les pages économiques d'un ou deux hebdomadaires et dans la presse patronale du type Challenges.

A noter: l'évènement était également organisé par Wansquare, média numérique destinée aux investisseurs de la finance et de l'économie , lancé par le Groupe Le Figaro...Pour une candidate "anti-système", Marine Le Pen bénéficie d'une publicité étonnante de la part des médias dévoués aux capitalistes.

Il faut dire qu'elle a de quoi rassurer le patron un peu échaudé par la réputation sociale que lui font les médias dans son propre comité de campagne. Qui serait mieux placé pour parler du FN aux chefs d'entreprise, que d'autres chefs d'entreprises, prospères de surcroît ?

Ces derniers jours, vous n'aurez pas pu manquer les têtes "colorées" du comité de soutien de Marine Le Pen: quel évènement, tout de même, que des personnes d'origine africaine, maghrébine ou juive au Front National. Bon, c'était déjà le cas dans les années 80, ça faisait déjà parler les journalistes, mais il faut bien faire tourner les boutiques avec de soi-disant scoops.

Par contre, vous avez sans doute loupé le fait que 8 membres de l'équipe de campagne de Marine Le Pen sur 23 sont des chefs d'entreprises , des investisseurs, ou des professeurs prestigieux de Dauphine. Oui, un tiers du staff, quand même, alors qu'on y trouve , tout en bas de la liste et sans fonctions particulière , deux ouvriers, un électro-technicien et le célèbre Fabien Engelmann, qui avant d'être viré de la CGT , ne devait pas travailler beaucoup, vu ses mandats syndicaux.






















Et dans ce panel de patrons, certains ont de quoi démontrer à leurs confrères inquiets d'un "bouleversement" du système qu'ils n'ont au contraire que du bon à attendre de la part d'une candidate qui réunit autour d'elle des exemples solides de réussite capitaliste made in France.

Thibaut de la Tocnaye par exemple, est le type même du néo-fasciste aguerri et chef d'entreprise accompli : fils d'un dirigeant de l'OAS, lui même s'est engagé dans la croisade internationale aux côtés des phalangistes chrétiens pendant la Guerre du Liban (    responsables de nombreux massacres dont ceux des camps de Chabra et Chatila), puis aux côtés des Contras au Nicaragua et des milices croates pendant la guerre en ex-Yougoslavie. Thibault de la Tocnaye est aussi catholique intégriste actif, aux cotés de Bernard Antony dans le groupe Chrétiens Solidarités.

Un aventurier qui sent le souffre ? Pas du tout ! Juste un homme parfaitement intégré à la bourgeoisie française. Il est patron actuel d'une start-up qui commercialise des lunettes 3D pour le cinéma et la télévision, et entend s'imposer comme premier acteur mondial du secteur. Cette entreprise fait notamment partie des candidates au "parrainage" d'une grande banque suisse par le biais d'un groupe de "Business Angels"...

On vilipende l'horrible mondialisation qui uniformiserait nos cultures et on fait du business en comptant sur le développement de la 3D, qui dépend beaucoup des gros producteurs hollywoodiens  ?
On prétend être la candidate qui boutera les banques hors de France et on a dans son équipe de campagne un monsieur qui cherche de la bienveillance d'une grande banque suisse ?
Logique et politique...

Oui, le Front National est là pour que l'ouvrier préfère son patron FRANCAIS à son collègue étranger, pas pour empêcher les capitalistes de faire des affaires sans se soucier des frontières. La dénonciation de l'horrible oligarchie "apatride" est bonne pour amuser la galerie et faire monter l'antisémitisme au passage.

Edouard Ferrand, un autre conseiller, lui, est effectivement un homme ancré au terroir, bien loin de l'économie numérique... Vous souvenez-vous de cette affiche récente du FN montrant un SDF "français" en souffrance ? Avez-vous entendu Marine Le Pen parler de la spéculation immobilière ou lu ceci dans son programme :

"  De plus, les prix des ventes immobilières augmentent bien plus que l’inflation. Dans l’ancien, ils ont doublé entre 2000 et 2010, sans parler des hausses vertigineuses à Paris ou dans les grandes villes, sans que les municipalités ne régulent ces phénomènes"


Elle sait de quoi elle parle, puisque le conseiller Edouard Ferrand est également gérant d'une société de valorisation des actifs immobiliers, qui intervient notamment en région parisienne et dans le Nord. Bref un spécialiste de la meilleure manière de faire des profits dans le secteur du logement et de profiter de la manne financière qu'offre ce secteur d'investissement au détriment des millions de personnes qui, elles , peinent à se loger.
Parions que la préférence nationale passera avant la préférence du portefeuille de ses soutiens...

On trouvera ici un des objectifs des sociétés Valois Patrimoine et Wandrille, gérées par Edouard Ferrand qui est également conseiller FN de Bourgogne : faire profiter les clients situés dans les plus hautes tranches d'impôt des dispositifs d'exonération fiscale existants mis en place notamment par la droite dans le secteur immobilier.

Un bref regard sur l'équipe de campagne de Mme Le Pen donne donc une image bien différente de celle propagée par les médias :
Le Front National a une direction de notables et d'entrepreneurs bien intégrés à l'appareil patronal français, et certainement pas ostracisés, comme Marine Le Pen le prétend toujours.

Certes, ce n'est pas très différent de ce qui se passe dans les autres partis : mais le FN prétend encore être différent...






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