André Gérin est un indéboulonnable
du PCF.
Comme son camarade , le député également indéboulonnable, PatriceCarvalho, opposé au mariage pour tous et au droit de vote des étrangers , André Gérin assume son racisme, a sur l'immigration les mêmes idées que le FN et l'UMP
et les revendique ouvertement. D'ailleurs la préface d'un de ses livres
a été écrite par Eric Raoult.
Gérin et Carvalho ont toujours eu leur
place au Parti. Au moins depuis les années 80, où Georges Marchais
et d'autres avaient eu l'idée de dire la même chose que
l'extrême-droite sur l'immigration, d'arborer le drapeau français
et de détruire des foyers au buldozer, histoire de ne pas laisser
l'électorat partir au FN.
Ca n'a pas marché, et même d'un
point de vue très cynique sur le mode « on ne fait pas
d'omelette sans casser des oeufs ». Le PCF a bien cassé les
œufs en s'en prenant aux immigrés et à leurs descendants mais
l'omelette , c'est le FN qui la mange.
Pourtant Gérin et consorts sont
toujours là, dans l'indifférence générale. Carvalho, député
fraichement élu peut annoncer qu'il se battra contre les lobbys
homos et des femmes voilées, pour que ni le mariage pour tous, ni le
droit des vote des étrangers ne soient adoptés, le PC comme le FDG
protestent mollement et puis c'est tout.
Jusqu'où iront Gérin ou Carvalho sans
être virés à coups de pied au cul et désavoués par toute la
gauche ?
Jusqu'au néo-fascisme en ce qui
concerne Gérin, qui dans une tribune passée inaperçue , sauf sur
les sites d'extrême droite comme celui d'Alain Soral où elle a été
republiée et applaudie, en vient, tranquillement à faire l'apologie
d'un patron pétainiste, et de son œuvre colonisatrice ultérieure.
Le patron, c'est Paul Berliet décédé
récemment,fils d'Emile Berliet ,une haute figure de la bourgeoisie
avant 1945. L'usine de camions Berliet est déjà florissante
avant-guerre et Berliet père s'illustre par sa main de fer :
sous le Front Populaire, il recourt au lock out, à la répression
sans failles, jusqu'à ce que le soutien de la population aux
ouvriers le contraigne à céder.
Dès cette époque, il comprend
l'intérêt du fascisme de gauche et se rapproche de Doriot, et dès
38 il finance une antenne du PPF au sein de l'usine.
Sous l'occupation, Berliet et ses deux
fils sont des vichystes convaincus , actifs et solidaires de Pétain
et des nazis jusqu'au bout. Ils gagnent énormément d'argent en
fournissant leurs véhicules au Reich, qui en a évidemment grand
besoin. En 1942, une grève éclate, contre l'envoi d'ouvriers en
Allemagne. Les Berliet la répriment avec la plus grande violence, et
fait appel à la police pétainiste pour occuper deux de ses usines.
Le père et les deux fils sont
condamnés à la Libération, pour avoir collaboré économiquement
avec l'occupant, mais aussi pour avoir livré un ouvrier à la
Gestapo. Le père prend deux ans, les fils cinq ans. Mais dès 1949,
l'usine est rendue à la famille qui reprend ses activités.
Il faut dire que les camions Berliet
n'ont pas fini d'être utiles : le T100 numéro un sera
essentiel à l'exploitation pétrolière en Algérie coloniale et
l'indépendance de l'Algérie mettra seule fin à la « grande
époque Berliet ».
C'est cette grande époque dont Gérin
est nostalgique. Ce sont ces collabos pétainistes reconvertis dans
l'exploitation économique des colonies, à qui Gerin rend hommage en
les qualifiant de « bourgeoisie lyonnaise industrieuse qui ne
faisait pas de l'argent en spéculant et en dormant ».
Après avoir dit toute la fierté à
avoir travaillé chez Berliet dans les paragraphes suivants de son
texte, Gerin est encore plus clair sur ses préférences .
Selon lui, malheureusement, ce qu'il
nomme à juste titre « le pétainisme industriel » a
laissé la place à la « dictature de la finance ».
Cette défense de la famille Berliet,
Gérin le « communiste » n'est pas le premier à la
faire : Berliet , en effet ne sont pas des patrons
collaborationniste parmi d'autres, il sont depuis la chute de Vichy,
une des références incontournables de l'extrême-droite, à la fois
à cause de leurs choix pendant la guerre mais aussi à cause de l'
appui de Berliet Père au PPF de Doriot dans les années 30.
Ainsi, Saint Loup , alias Marc Augier,
idole de l'extrême-droite néo-nazie, membre du bureau politique de
Doriot puis de la LVF, et qui combattra en Allemagne avec les Waffen
SS dans les derniers jours du régime hitlérien , a-t-il consacrée
un ouvrage laudateur à la dynastie Berliet centré sur le père «
Marius Berliet l'inflexible ».
L'article sur Marius Berliet sur
Wikipedia a donné lieu à une offensive de militants
d'extrême-droite pour tenter de le faire passer pour une victime de
l'épuration.
L'article de Gérin apporte donc une
pierre supplémentaire à l'opération de réhabilitation d'une
famille de patrons qui s'est inscrite dans le 20ème siècle en
participant activement à l'horreur nazie, puis en profitant
grassement de la colonisation.
Ce sont ces pétainistes que Gerin
regrette en les comparant à « la dictature de la finance »,
une expression également employée par les SS comme Saint Loup, dans
le même contexte , pour désigner les Juifs prétendument maîtres
du monde et spoliateurs des gentils patrons ' bien de chez
nous. '
Que la similitude sémantique soit
inconsciente ou volontaire dans le texte de Gérin, elle y est de
toute façon lourde de sens, employée dans un article qui parle avec
nostalgie d'un père et d'un fils qui ont livré des ouvriers
résistants à la Gestapo.
Et l'apologie du « patron de
choc », et de la bourgeoisie lyonnaise n'est pas autre chose
politiquement que du doriotisme, lui-même prôné par des anciens
communistes passés au fascisme.
Mais Doriot membre du PCF en fut exclu
en 1934, avec nombre d'autres communistes , souvent élus et ayant
des responsabilités dans le parti.
Aujourd'hui manifestement, on peut être
raciste et faire l'apologie de patrons pétainistes admirateurs des
nazis, et rester tranquillement au Parti.
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