dimanche 3 février 2013

Stratégie du chaos: quand les partisans de Collon sèment le brun dans la CGT

Le numéro de novembre-décembre 2012 du journal « la Fédération » (publication destinée aux syndiqués de la Fédération CGT des salariés des activités postales et de télécommunications) faisait la promotion, en « 4eme de couverture », du livre « La stratégie du chaos », de Michel Collon et Grégoire Lalieu, aux éditions Investig’action et Couleurs Livres.

Le propos de Michel Collon est classique, classique d'une certaine extrême-droite, qui s'est illustrée ces dernières années dans la défense des dictatures ou le soutien à la liberté d'expression des négationnistes, sous couvert de rébellion contre « la pensée unique » ou d' « anti-impérialisme ». Collon s'auto-proclame journaliste, mais a surtout joué ces derniers temps les supplétifs des propagandistes du régime d'Assad ou de Kadhafi. On l'a trouvé dans des manifs prétendûment anti-guerre, aux côtés de négationnistes notoires comme les membres de l'association Entre La Plume et l'Enclume.

Evidemment nous avons été quelques-uns à tomber des nues et à chercher pendant plusieurs semaines comment la promotion d'un auteur tel que Collon avait pu se retrouver dans un journal syndical diffusé à des dizaines de milliers d'exemplaires.

La réponse est venue dans un compte-rendu de la dernière Commission exécutive de la Fédé en question, où l'on trouve l'intervention suivante de Christian Mathorel, responsable CGT à France Telecom, intervention qui n'a manifestement donné lieu à aucune réaction.
« Sur la guerre au Mali, je partage ce qui a été dit et je pense que l’on a besoin d’un éclairage pour nous et pour les salariés sur la réalité de la situation.
Il y a par exemple un livre que l’on a proposé dans le journal fédéral du mois dernier qu’il faut absolument que vous lisiez et qui peut aider à comprendre ce qui se passe. C’est « la stratégie du chaos » de Michel Collon (qui anime également un site internet très instructif « investig action ») et qui explique  toute l’histoire et l’actualité de l’impérialisme, sa stratégie et sa logique au moyen Orient et en Afrique, le renforcement des tensions et des enjeux avec l’arrivée dans le jeu des acteurs (USA, France, Grande Bretagne) de La Chine….. Je pense qu’il faut lire ce livre qui commence d’ailleurs par : « Ce n’est pas à la télé que vous aurez les vrais informations qui vous permettrons de vous faire votre propre idée sur ce qui se passe réellement au Moyen Orient et en Afrique ».

Si la promotion du livre de Collon dans le journal de la Fédération est sans doute l’initiative donnant le plus large écho à un « homme passerelle » entre l’extrême-gauche et l’extrême-droite, la CGT en a connu d’autres. Pierre Cassen, fondateur de Riposte Laïque était ainsi syndiqué de la Filpac, la Fédération du livre, jusqu’à son exclusion en juin 2011, soit plusieurs années après la dérive fasciste de Riposte Laïque, et même plus d'un an après sa participation officielle à l'Apéro Saucisson Pinard avec des organisations violentes d'extrême-droite comme le Bloc Identitaire.

La réaction de la direction de la CGT à l'époque aura été si lente que Pierre Cassen, aura pu, en janvier 2011, en mettant en avant son propre statut de militant de la CGT, donner la parole à Fabien Engelmann, secrétaire d'un syndicat d'employés de la fonction publique territoriale, candidat du FN et finalement exclu par sa fédération syndicale.

Faudra-t-il attendre que les militants diffusant la propagande de Collon au sein de leur syndicat s'affilient nommément à un parti fasciste pour que la CGT réagisse ? Faire la promotion d'un auteur qui défend Dieudonné, qui a participé avec des fascistes notoires comme Meyssan à l'Axis for Peace, qui a co-signé un livre (Israël , parlons-en) avec le biographe hagiographe de Faurisson , Paul-Eric Blanrue ne suffit-il pas ?

En tout cas, Christian Mathoret, figure médiatisée de la CGT du secteur Telecoms et candidat à la commission exécutive confédérale au prochain congrès de Toulouse, n'est pas le premier à mettre Michel Collon en avant.

On trouve des liens vers le blog de Michel Collon sur le site de l’Union syndicale de l’intérim, celui de l’UL de Tourcoing. Plusieurs UL du Pas de Calais invitaient fin 2011 à une conférence de Michel Collon à Isbergues, on trouve des reprises de texte de Michel Collon sur le site du syndicat CGT de l’Hôpital de Vienne ou de la CGT Randstad…

On trouve des militants CGT partageant ouvertement les positions de Michel Collon, c’est par exemple le cas de Jacques Lacaze, secrétaire de l’UL de Liévin, ex PCF et PRCF (http://jacques.tourtaux.over-blog.com.over-blog.com/article-jacques-lacaze-secretaire-de-l-union-locale-cgt-de-lievin-62-se-desolidarise-et-condamne-la-decla-99110190.html)

Comment est-il possible que dans une confédération comme la CGT le journal officiel d’une fédération ou le site internet d’une union locale fasse la pub de ce type d’ouvrages ?
Poser cette question revient à s’interroger sur les pratiques syndicales et les analyses qui les sous-tendent. Nul doute que des salariés, et parmi eux de nombreux syndiqués, trouveront matière à travailler aux réponses de manière plus précise et concrète.
Cela dit, nous pouvons risquer quelques pistes, sans nier la complexité des racines d’un tel phénomène ou l’existence de plusieurs niveaux ou réseaux d’explications.

Il y a d'abord  la manière dont fonctionne la CGT et nombre de ses structures.
Les décisions et informations restent très centralisées, en particulier dans les structures fédérales. Comme cette centralisation alourdit la charge de travail des dirigeants syndicaux, il y a une tendance à faire confiance sur certaines questions et tâches, souvent jugées moins importantes, à des militants sans forcément en savoir très long sur leurs convictions réelles, leurs pratiques, leurs engagements. Idem sur les candidatures à de hautes responsabilités : les délégués votent dans la majeure partie des cas pour des camarades dont ils ne connaissent rien ou pas grand-chose. On peut donc tomber sur le meilleur comme sur le pire.
Les sites d’une union locale ou d’un syndicat ou sa page facebook d’ailleurs sont souvent animés par une seule personne, et personne d’autre n’a le temps ou ne voit l’importance d’une réflexion collective sur le contenu…

Bref, quelques militants bien formés et organisés en réseau n'auront guère de difficultés à imposer leurs thématiques et à faire la promotion d'une tendance politique ou d'une autre, surtout lorsqu'il s'agit du champ para-syndical, des questions sociétales ou internationales, que le salarié investi à fond sur les luttes de classe n'aura pas le temps de creuser. Et aujourd'hui, avec la montée en puissance d'une mouvance politique rouge-brune, il n'est au fond pas étonnant qu'une offensive de leur part touche la CGT.

Pourquoi ce discours rouge-brun passe ? On peut trouver des éléments de réponse dans la manière dont le fascisme est appréhendé par la CGT. Il est indéniable que la volonté existe de combattre l’extrême-droite, le racisme, les discriminations…
Mais les impulsions données sont souvent très vagues, peu concrètes. Et autant la lutte contre le racisme, le sexisme et l’homophobie existe, du moins pour l’affichage de façade confédéral, autant la CGT est relativement muette sur l’antisémitisme, et peut publier dans son bimensuel un article sur Auschwitz sans écrire une seule fois les mots « Juifs » ou « antisémitisme »…
Sur l’histoire et la mémoire, du travail est fait, en particulier dans les instituts d’histoire sociale, mais les périodes peu glorieuses de la CGT ont tendance à ne pas être creusées. On met en avant la partie de la direction confédérale qui a résisté sous le régime de Vichy et l’Occupation, mais on se pose nettement moins la question de savoir comment un dirigeant CGT de premier plan est devenu Ministre du Travail de Pétain . On informe sur le 17 octobre 1961 ces dernières années (ce qui est une bonne chose), mais en passant plus que vite sur la faiblesse des réactions syndicales au lendemain de l’évènement.
On trouve des responsables syndicaux démunis face à des militants faisant part d’opinions racistes, nationalistes, xénophobes ou antisémites… Ce n’est pas une généralité, ça dépend vraiment « sur qui on tombe », et de nombreux militants combattent au quotidien les manifestations du phénomène, mais souvent individuellement, sans vision d’ensemble ou sans pouvoir en débattre collectivement dans leurs structures.

La formation politique, autrefois bien souvent assurée, avec tous les défauts qu’on peut y trouver, par le PCF, est largement insuffisante aujourd’hui, pour ne pas dire parfois inexistante (manque de temps ou de moyens d’un côté, volonté de contrôle des bureaucraties à qui ça convient…). En conséquence, nombre d’infos et de débats n’atteignent pas l’ensemble des syndiqués ni mêmes des syndicats ou sections syndicales.
Par ailleurs, la réflexion confédérale de la CGT (et la plupart des syndicats ne sont pas allés plus loin non plus) n’a porté que sur le FN, au moment de l’affaire Engelmann ou au moment d’élections politiques.
L’exclusion du leader de Riposte Laique est restée confidentielle et n’a été rendue publique par son syndicat qu’un an après, parce que Cassen se vantait (comme un syndicaliste de FO également militant de Riposte Laïque) d’avoir claqué la porte de lui-même.
Et sur l’affaire Engelmann, l’analyse courante, c’est de voir ça comme un « noyautage » par le FN, donc comme la stratégie d’éléments extérieurs au syndicalisme, quant il s’agit au contraire du glissement de syndicalistes vers l’extrême-droite, glissement facilité par le nationalisme économique que portent une partie des dirigeants CGT (et de l’extrême-gauche en général) et par des visions et pratiques syndicales fréquemment en décalage avec les réalités sociales et économiques des dernières décennies.

Il existe donc des syndiqués de base tout comme des dirigeants qui adhèrent à des thèses d’extrême-droite. On le dit peu mais il n’y a pas que la section syndicale de Fabien Engelmann qui penchait ou penche toujours pour le FN.

De plus, il ne suffit pas d'afficher son opposition au FN ou aux fascistes en général, encore faut-il aussi combattre les idées de cette extrême-droite MEME quand elles n'émanent pas de ce qui est déjà étiqueté extrême-droite officielle.

Car des militants comme Collon savent bien utiliser les failles du corpus idéologique de la gauche et de l'extrême-gauche.
Malheureusement, il suffit souvent de mettre en avant quelques concepts bien vus et jamais questionnés pour faire passer la pire propagande fasciste.

Ainsi, il suffit d'en appeler à l' « anti-impérialisme » et à la lutte « contre les guerres occidentales », pour faire passer un appel à une manifestation où seront présents les soutiens des dictatures et des négationnistes. Or l'anti-impérialisme en France, depuis des années n'est le plus souvent que l'autre nom du soutien aux pires régimes autoritaires.
Ainsi, il suffit de taper sur Israel et de se déclarer « antisioniste » pour avoir un succès fou chez les lecteurs de gauche avec un bouquin où l'on a va entre autres donner de la place à un Paul Eric Blanrue, hagiographe du négationniste Faurisson et par ailleurs lié à l'extrême-droite depuis sa prime jeunesse.Or l' « antisionisme » en France depuis des années n'est que l'autre nom de l'antisémitisme, utilisé par des tendances politiques qui n'ont jamais aucun problème avec les autres nationalismes, bien au contraire

Ainsi il n'est pas très compliqué de faire passer les pires discours nationalistes et chauvins sous couvert de la défense de « nos » emplois et de « nos » entreprises face à la vilaine mondialisation.
Ainsi, le corporatisme, au sens d’identité des intérêts du patronat et des salariés, se fraye un chemin au travers du discours sur les petites entreprises, où le patron « travaillerait » autant que ses employés et serait lui aussi victime des grosses entreprises.

L’égalité est une valeur progressiste de base, on le voit a contrario à la vigueur des mobilisations réactionnaires ou fascistes contre le mariage pour tous ou le droit de vote des étrangers. Mais l'égalité et la solidarité de classe sont une bataille exigeante au quotidien, et elle n’est pas toujours menée : des syndicats refusent l’adhésion de sous-traitants ou ignorent les précaires présents en nombre conséquent, depuis des années et de manière permanente dans l’entreprise. Les "blagues" ou lieux communs à fond raciste, antisémite, sexiste ou homophobe sont loin d’être relevés systématiquement.

Trop souvent, l'activité syndicale se résume à deux champs complètement séparés : d'un côté la défense des droits au quotidien, et l'activité de lutte de classe qui absorbe évidemment le temps et l'énergie de beaucoup de militants. De l'autre côté, l'activité d' « élargissement » sur des questions de fond plus globales, qui se résume bien souvent au vote de motions de « soutien » à telle ou telle position politique sur tel ou tel sujet d'actualité, à l'investissement dans une publication syndicale ou dans telle association dépendant de l’organisation syndicale.

Bien souvent, ces activités là sont squattées par des militants politiques dont l'investissement dans la CGT est avant tout conçu comme un moyen d'influencer le syndicat dans le sens des positions spécifiques de leurs organisations. Ils utilisent tous les outils possibles à cet effet (sites internet, journaux, listes mails), puisqu'ils ont le temps de le faire, ces militants étant rarement investis en même temps sur le champ des luttes dans sa boite ou son quartier.

Les militants du PRCF et de toutes les autres petites boutiques par ailleurs liées aux fascistes comme Collon ou Jean Bricmont sont bien dans cette logique mûrie et réfléchie depuis de longues années. Ils savent au mieux profiter des moyens de la CGT.

Mais leur exclusion, nécessaire si l'on a un minimum de cohérence politique, ne suffira pas à régler le problème.

A un moment donné, c'est à chaque syndicaliste, à chaque structure de base de comprendre que des luttes comme l'antifascisme ou la solidarité internationale, sont des points d’appui très forts pour aller vers cette « transformation sociale » que revendique officiellement la CGT.

Mais l’antifascisme et la solidarité internationale ne se font pas, dans le syndicat, par des déclarations de principe, mais par des actions concrètes et des discours clairs qui permettent à chacun de se saisir des enjeux et qui n’offrent pas de prise aux idées fascistes.

Ainsi sur le Mali, rien n'interdit aux syndicats qui se sentent concernés d'agir concrètement notamment en soutenant la lutte des travailleurs sans papiers présents ici,  en relayant les mouvements sociaux importants de ces derniers mois, notamment dans l'enseignement, ou en lançant des campagnes de pressions sur nos gouvernements pour obtenir que des fonds soient enfin débloqués pour faire barrage à la famine qui ravage le Sahel aussi gravement que les groupes intégristes.

Une dernière chose : nous savons d'emblée que des camarades nous reprocheront à la fois d'avoir mis ce débat sur la place publique et de rester anonymes.

Sur le premier point, les affaires Cassen et Engelmann et la manière dont elles ont été traitées nous a suffisamment instruits : nous savons bien qu'en vertu d'une certaine culture du consensus, jointe à la peur de « créer du conflit et d'affaiblir nos structures alors qu'il y a des priorités », la passivité reste malheureusement de rigueur tant qu'il n'y a pas le feu au lac, c'est à dire tant que les débats ne sortent pas du niveau interne.

Sur le second point, malheureusement, nous sommes aussi très réalistes sur le rapport de forces entre nous et la tendance rouge-brune au sein de la CGT : nous savons que nous nous attaquons à des militants organisés, avec des moyens de nuisance nombreux et bien installés dans la structure syndicale. Nous savons aussi que ces militants se moquent éperdument de la lutte des classes, du quotidien syndical et seront prêts à tout mettre en œuvre pour écraser les salariés syndiqués qui se mettent en face d'eux, sans évidemment tenir aucun compte de l'importance de leur activité de lutte quotidienne. Or nous ne sommes « que » cela, des militants syndicaux ayant fait le choix de rester des salariés comme les autres.

La CGT n’hésite pas à revendiquer les responsabilités particulières que lui confère sa place de 1ère organisation syndicale. Nous verrons comment elle les assume face à la montée de l’extrême-droite et à la contamination et la propagande en son sein d'idéologies fascistes.

Des salariés syndiqués CGT

samedi 2 février 2013

Kimto Vasquez ou la promotion capitaliste du négationnisme

Avant, l'extrême-droite détestait le rap et le rap détestait l'extrême-droite ... Mais ça c'était avant.

Depuis certains rappeurs ont vieilli, comme tout le monde. Parmi eux, certains avaient cru toucher le rêve de la réussite commerciale et de la reconnaissance médiatique. Mais les places sont chères dans l'industrie du disque, alors un premier succès ne signifie pas toujours une place au soleil.

Certains s'en foutent. D'autres virent aigris et mauvais sur la trentaine. Et dans ce cas là, comme chaque électeur du FN le sait , c'est toujours la faute des Juifs , des Arabes et des Franc Maçons.

C'est en plus joliment dit et en rimes le message de Kimto Vasquez dans son dernier album. 
Kimto Vasquez avait eu la chance de figurer sur la BO de Taxi 2. A l'époque manifestement le divertissement et son industrie ne le dérangeaient pas.

Mais pour lui, il n'ya pas eu de suite à Taxi 2, et comme il le raconte dans ses dernières interwiews, Kimto Vasquez a du rejoindre le commun des mortels et faire des boulots alimentaires.

Il a bien ruminé pendant six ans, et il est revenu avec un album qui explique que tout ça c'est de la faute des Juifs, et que Le Pen, ce brave type a bien raison sur tout, comme Robert Faurisson. Dans une chanson très justement intitulée «  Tonton du Café du Commerce ».

Le fond de la chanson est effectivement assez représentatif du comptoir du PMU situé en face de n'importe quel local du FN : Kimto Vasquez y crache sur les « gauchistes » et les « antiracistes », y affirme courageusement comme Bigard et Christine Boutin que le 11 septembre était un complot, et comme Christine Boutin également, il y fait l'apologie de l'Eglise Catholique malheureusement atteinte durement par les athées et les franc_maçons depuis l'horrible révolution de 1789.

Si ce n'était pas du rap, mais de la musette, il ya fort à parier qu'à part Alain Soral, que l'échec à percer dans les émissions de divertissement a aussi conduit au négationnisme , pas grand-monde dans les milieux de la gauche artistique n'aurait pris garde à Kimto Vasquez.

Mais là, les Inrockuptibles ont beaucoup aimé, au moins dans un premier temps, ui consacrant un article élogieux , évoquant tout de même une « radicalisation » de son discours....Nier la Shoah et vanter Le Pen, effectivement, c'est radical. Certains lecteurs du site ayant tout de même encore une autre idée de la subversion, Les Inrockuptibles ont fini par retirer l'article, mais évidemment sans aucun mot d'explication, sans doute condamner les adeptes de Robert Faurisson n'est-il pas très tendance.

Qu'à cela ne tienne, si Kimto Vasquez a hurlé à la censure sur son Twitter, il a d'autres ressources pour se faire connaître, et certaines sont assez étonnantes pour qui aura pris au sérieux son anticapitalisme affiché.

Car c'est dans le journal officiel de la Chambre de Commerce et d'industrie Franco Portuguaise, que le rappeur négationniste va trouver une tribune de choix : une page entière où l'artiste complaisamment interrogé par un journaliste commençant par parler de la censure des Inrocks dans son en-tête, va expliciter l'objectif de son dernier album : « glavioter » sur la loi Gayssot, dénoncer la main mise des sionistes sur le monde et clamer son amour de l'extrême-droite.(http://www.lusojornal.com/archives/unefr_II_111.pdf ).

Le chanteur rebelle et « anticapitaliste » a trouvé ses alliés : les grands patrons franco-portugais, puisque la Chambre d'Industrie et de Commerce a été crée par les 19 plus grosses entreprises portugaises présentes en France et que son président est patron d'une des plus grosses compagnies d'assurance portuguaises.

Le négationnisme ne dérange donc pas les grands patrons...et les grands patrons ne dérangent pas les négationnistes qui se présentent pourtant comme des grands rebelles anticapitalistes.

Et pour cause, si les patrons sont toujours prêts à rejeter la faute de l'exploitation sur les collègues étrangers ( ainsi, c'est le journaliste de la Chambre de Commerce qui interroge Kimto Vasquez sur la responsabilité des banques), ils sont également ravis de trouver des artistes subversifs comme Kimto Vasquez qui n'ont pas peur de dénoncer la responsabilité des exploités endettés et chômeurs.Kimto Vasquez explique ainsi que les Portuguais ordinaires ont eu le tort de perdre le sens des vraies valeurs, contaminés par ceux qui avaient émigré en France : au lieu d'apprécier les vertus de la pauvreté, ceux-ci sont devenus trop « matérialistes », ont voulu s'acheter des vêtements de marque , des portables, et des voitures. Quand on est un Portuguais pauvre, on reste à sa place, au pays, et on se console en priant, c'est bien connu.

Ou alors on fait comme Kimto Vasquez, on lèche les bottes des patrons, tout en se faisant un joli petit business plan pour promouvoir son dernier album, en lançant d'abord un appel à dons pour financer son opus sur un site participatif, sans préciser qu'on y parlera de Robert Faurisson, évidemment. Puis une fois l'album sorti, outre la promotion dans des journaux patronaux, on se sert de la puissance de frappe des réseaux d'extrême-droite comme Egalité et Réconciliation qui appelle ses lecteurs à voter Kimto Vasquez pour le top 5 des albums rap de l'année.


Et l'on pourra aussi compter sur des radios financées par des fonds publics , celles censées justement contribuer à l'éducation d'une jeunesse des quartiers populaires, toujours accusée d'être antisémite par nature , à cause de ses origines immigrées notamment.

Ainsi au mois de février ce n'est pas sur un obscur site salafiste financé par le Qatar que le rappeur chrétien viendra s'exprimer, mais sur une des plus anciennes radios associatives franciliennes, IDFM Radio Enghiens les Bains, subventionnée par le Conseil régional, le Conseil Général et la mairie UMP. Une radio qui avait d'ailleurs également reçu Dieudonné. Le site de la radio est d'aileurs mis en lien sur le site de la Vile d'Enghien les Bains




Finalement Kimto Vasquez, le soit-disant provocateur a trouvé aujourd'hui le moyen de plaire à tout le monde, en tout cas dans les sphères culturelles d'extrême-droite , dans les milieux patronaux, et même sur des médias subventionnés par l'Etat.

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Maj: Kimto Vasquez annonce l'annulation de son émission sur IDFM Radio Enghien sur son FB , en l'attribuant à la publication de notre article et à la mobilisation de nos lecteurs  et la radio confirme. Nos modestes brigades de police de la pensée unique ont encore frappé, merci à tous ! Politiquement Correct vaincra !














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mardi 13 novembre 2012

Antisémitisme: rien de neuf sous le soleil des Fils de France


Selon l'immense majorité des commentateurs médiatiques, il y aurait un "nouvel " antisémitisme, pas du tout français , issu de l'islam des "caves et des banlieues", et qui n'aurait rien à voir avec l'antisémitisme traditionnel et ses réseaux d'extrême-droite.

Ceux qui affirment l'existence de ce « nouvel » antisémitisme le caractérisent selon deux critères : ce serait un antisémitisme issu des quartiers pauvres, d'une part, quartiers où s'exercerait d'autre part une influence « étrangère », matérialisée par les prêches d'imams radicaux de pays tiers et par la présence sur notre territoire de « salafistes » venus d'ailleurs.

Un fascisme du pauvre et de l'immigré en quelque sorte, que nos commentateurs prennent plaisir à opposer à la nécessaire construction d'un « islam de France », seul à même de rendre la raison à des jeunes barbares venus d'ailleurs.

«  Fils de France », c'est justement le nom d'une association se disant musulmane, montée il y a quelques mois, et qui , au regard de sa récente création , bénéficie d'un succès étourdissant, puisque son dernier colloque a été accueilli sous les ors du Sénat le 27 octobre.

Son fondateur Tarek Oubrou , imam de Bordeaux est devenu en quelques années une personne tout à fait bien accueillie dans tous les milieux : invité d'honneur de conférences données par des évèques, devenu très proche d'Alain Juppé, qui l'oppose aux vilains « salafistes », fréquemment invité à la télé, il fait partie de ces dignitaires religieux qu'on se plait à ériger en symboles de l'ouverture et de la tolérance, opposés aux « petites frappes islamistes de banlieue ».

Oubrou fut pourtant le premier imam à participer à une conférence co-organisée avec Alain Soral en 2009. Personne, même parmi les grands connaisseurs de l'islam invités dans les médias, tel Malek Chebel également participant au colloque qui fait l'objet de cet article, ne semble avoir lu une intéressante et récente interwiew d'Oubrou sur Garaudy, négationniste notoire, où celui-ci est qualifié de « grand intellectuel » , qui « recevra son mérite devant le Seigneur ». Oubrou, fin sophiste , y réfute tout négationnisme pour son compte personnel, mais affirme dans cet entretien que « toute discussion sur le sujet de la Shoah, scientifique et historique est interdite », en vertu d'un « tabou ».

Tarek Oubrou a d'autres admirateurs de Garaudy à qui parler au sein de Fils de France : pas des imams barbus venus d'ailleurs, non , mais notamment un chrétien bien de chez nous, le père Michel Lelong, parrain de l'association mis en valeur lors de sa réunion fondatrice . Catholique intégriste, Michel Lelong fut notamment témoin en faveur du préfet Papon à son proçès. Il a écrit de nombreux articles pour la revue à Contre-Nuit , le fan-club officiel de Garaudy, et figure aussi parmi les invités du centre Zahra, les co-animateurs de la liste antisémite de Dieudonné en 2009.

Aux côtés de ces deux penseurs religieux, l'animateur principal de Fils de France Camel Bechick ne fait pas non plus dans l'ambiguité concernant son militantisme à l'extrême-droite : Bechick était ainsi accrédité comme journaliste de Flash, la revue d'Alain Soral, pour le dernier congrès du FN.

La référence idéologique de Bechick, c'est Maurras, comme il l'explique dans un entretien donné à un site royaliste . Pas très nouveau, comme référence antisémite, Charles Maurras.

Mais le vieil antisémitisme est toujours une bonne manière de se faire ouvrir des portes , notamment au Sénat, pour un colloque ou plus, si affinités.

En effet, sans le soutien d'un élu de la République , pas question d'organiser quoi que ce soit au Sénat. L'élue en question qui a accueilli le colloque de Fils de France n'est pas une sénatrice élue avec les voix des infâmes de la banlieue, mais avec celle des habitants de l'Orne, département où l'on croise peu de cités « islamisées », convenons-en.
Centriste, actuellement élue sous les couleurs de l'UDI, Mme Goulet a bien des liens avec des personnalités de l'islam politique international, mais pas avec des terroristes recherchés par Interpol. Présidente du groupe amitié France-Turquie au Sénat, elle s'est faite la porte parole des opposants à la reconnaissance du génocide arménien et ne trouve à redire aux massacres en Syrie que depuis l'affrontement entre le gouvernement turc et Assad.
Fidèle alliée du régime iranien, elle est également présidente du groupe France-Pays du Golfe, et a rédigé un rapport officiel pour le Sénat , à propos de la coopération militaire entre la France et les Emirats Arabes Unis.

Depuis ce colloque très officiel , Fils de France a croisé la route d'un autre membre de l'UDI, et pas n'importe lequel : c'est notamment avec Charles Beigdeber, ex-candidat à la présidence du MEDEF, secrétaire de l'UMP , grand patron reconnu, que l'association d'Oubrou et de Bechick organise une manifestation contre le droit au mariage pour tous le 17 novembre

Parmi les organisateurs, on retrouve trois autres députés de l'UMP, dont Jacques Myard, membre de la Droite Populaire et opposant historique aux lois anti-négationnistes et protégeant les victimes de crime contre l'humanité, de la loi Gayssot à la loi contre la négation du génocide arménien.
On croise également un animateur des Grosses Têtes, Perroni et un chroniqueur de Marianne, Roland Hureaux, souverainiste ne cachant pas ses sympathies pour Nicolas Dupont-Aignant...qui fut invité d'honneur de la réunion fondatrice de Fils de France.

La petite association de l'imam de Bordeaux, Tarek Oubrou a donc réussi le tour de force de réunir autour d'elle des élus de droite, des journalistes reconnus ou des grands patrons, et de se faire ouvrir les portes du Sénat en quelques mois d'existence, et ce malgré les proximités affichées de ses initiateurs avec l'extrême-droite la plus antisémite qui soit.

A la réunion inaugurale de Fils de France, on croisait même Robert Ménard, qui a renvoyé l'ascenseur à Camel Bechick en l'invitant à son émission sur RMC.

On cherchera en vain quelque protestation de la part des pourfendeurs du « nouvel antisémitisme », toujours prompts à dénoncer l'islam des caves importé d'ailleurs, toujours prompts à pointer du doigt le musulman pauvre ou immigré.


Il faut dire que Fils de France a un atout très utile dans la France des années 2010 : voilà des musulmans qui se revendiquent patriotes, anti-immigration, anti-progressistes, et surtout pas de gauche. De bons français, comme les aimait leur maître à penser Maurras, cette figure historique du vieil antisémitisme, qui a toujours eu droit de cité au sein de la bourgeoisie française.  

Autour de Fils de France, alliance de notables de droite connus pour leurs positions racistes avec l'extrême-droite antisémite, et les secteurs les plus réactionnaires de l'islam se fait tout à fait tranquillement au plus haut niveau de la République et sans être dénoncée. Bien au contraire, les partenaires de cette alliance utilisent eux_même la théorie du "nouvel antisémitisme" pour nier le leur, qui n'est que la continuité d'une longue tradition européenne.

Et à l'extérieur de cette alliance, les voix de gauche qui n'ont de cesse, elles aussi, d'affirmer que le péril antisémite ne vient que d'en bas et que de l'étranger participent à la négation d'un phénomène d'institutionnalisation du fascisme porté par une partie de la bourgeoisie.

Enquête Exclusive: Itinéraire d'un voyeurisme français



D'habitude, on en rigole d'Enquête Exclusive, de ses plongées avec la BAC contre les cambriolages ou dans le monde de la nuit des jet setteurs.

Là, on ne rigole plus.

On regarde halluciné, les photos de Merah, bébé, puis enfant défiler, puis une vidéo où il est à l'hôpital venu voir son père qu'on montre sur son lit. Et puis un classeur où Merah, jeune ado, écrivait des trucs sur les american-staff, des chiens qu'il adorait.

C'est quoi l'info , c'est quoi le message ? Qu'on doit surveiller les gamins dès l'âge de trois ans, l'islamiste est-il censé se révéler dans le regard du bébé qui rigole ?

On apprend que Merah était un gosse battu , un gosse de foyer. 10% des enfants en France sont victimes de maltraitance psychologique ou physique, selon une chercheuse de l'INSERM. Alors quoi ?

Dix fois, quinze fois, la photo de Souad Merah, qui sourit, voilée. A toi de trouver les stigmates du mal sur la photo.

Caméra cachée d'une jeune femme pleine de haine antisémite, qui hurle qu'elle est fière de son frère. C'est à peu près tout ce qu'on entendra de la discussion, et ce sera pareil avec les autres « salafistes » filmés en caméra cachée. Jamais plus d'une minute , même pour Olivier Corel, idéologue intégriste, dont on apprendra qu'il élève des chèvres et des ânes, et qu'il a « francisé » son nom. Du lourd, c'était bien la peine de faire une caméra cachée.

Le fond de l'affaire ? Attention Enquête Exclusive a des documents « inédits » à présenter, dont le testament écrit à la main de cinq pages de Merah. Mais de ce testament, le téléspectateur aura le droit à trois lignes, où il dit à Sarkozy qu'il sera puni pour ses crimes. Le reste, on n'en connaîtra rien, ou alors il faudra attendre , sans doute, qu'Enquête Exclusive ait revendu son exclu à Morandini où à Médiapart.

Ah oui, on apprend aussi que Merah s'est radicalisé en prison. La « preuve », il aurait simulé sa tentative de suicide, c'est ce qu'il a dit à sa mère qui était venue le voir à l'hôpital, « un bon musulman ne se suicide pas ». Ben oui, s'il n'avait pas déjà été un djihadiste, il aurait dit à sa mère « maman, je voulais crever », c'est évident.

Mais, qu'est ce que signifie concrètement se radicaliser en prison ? L'enquête policière en effet n'a pas démontré que Merah ait rencontré des militants derrière les barreaux, simplement qu'il s'est effectivement réfugié dans la croyance et la pratique religieuse, et qu'il avait déjà, de lui même, des discours de haine et des fantasmes de meurtres. Comment en vient-on au projet concret et réel ? Enquête Exclusive n'y répond que par l'influence du frère Kader. Mais le frère, alors , comment lui-même en était-il arrivé là ?

Pas de réponse. On apprend simplement que Merah a financé ses voyages en vendant une BMW qu'il avait retapé...pour entendre le journaliste demander dix minutes plus tard «  comment a-t-il financé ses voyages ? ». Ça, c'est une vraie question. Parce qu'on ne finance pas des voyages multiples de plusieurs mois en vendant une voiture, pas plus qu'on n'achète des armes , qu'on ne loue un appart dans un quartier résidentiel , et qu'on vit apparemment très bien juste avec un RSA. Cela ça s'appelle une logistique.

A un moment, visite à une mosquée, celle où Merah allait prier. Alors on se dit qu'enfin, on va avoir la réponse sur la radicalisation effective et les moyens du passage à l'acte, qu'on va avoir des éléments sur les groupes salafistes où Merah évoluait avec son frère.

Attention, c'est chaud, alors le journaliste filme de loin au zoom, des musulmans qui prient, avec gros plan sur des jeunes en djellaba blanche et dont on voit la barbe, malgré le visage flouté, la voix off dit «  il y a 400 salafistes à Toulouse ». On s'attend ensuite à une enquête sur ces réseaux salafistes, mais non, l'enquête « exclusive », c'était ça, joue à chercher les 400 salafistes dans cette foule à la sortie de la mosquée. Si, si, ils sont là, forcément.

Et puis, il y a Abdelghani Merah. Quelqu'un qui semble avoir beaucoup de choses à dire, un message à faire passer. Mais la parole d'Abdelghani est soigneusement sélectionnée, ce qui est intéressant, c'est juste qu'il répète que sa famille est une famille de salauds intégristes et violents, le reste , pourquoi Abdelghani est devenu autre chose que Mohammed, ce qu'il peut avoir de positif comme message à apporter, Enquête Exclusive s'en fout. L'important c'est qu'Abdelghani Merah sorte des photos de famille, et passe des coups de fil en caméra cachée à des gens qui ne savent et/ou ne disent rien.

Et puis voilà. Le reportage se termine sur les photos des victimes de Merah. Suivies de quelques phrases d'Abdelghani qui explique que sa mère l'a menacé de se suicider si le reportage était diffusé.

On se rappelle l'entrée en matière du reportage , où le journaliste expliquait que l'enquête « exclusive » avait comme objectif d'élucider une question : y-a-t-il d'autres Mohammed Merah dans la nature ?

Après une heure trente, on ne sait rien de plus sur les réseaux intégristes éventuellement existants, sur leur financement, sur les raisons pour lesquelles des militants comme celui qui était l'idéologue des frères Merah, qui ne cachent pas leur liens avec la sphère internationale de l'islam politique violent continuent à élever leurs ânes, pendant qu'on emmerde les jeunes en bas des halls de cité tous les matins.

On ne sait rien de plus sur la question fondamentale posée par l'affaire Merah : à savoir l'efficacité zéro d'une politique antiterroriste appuyée par des lois sans cesse durcies ces dernières années, par un discours sécuritaire justifiant tout au nom de la lutte contre le "péril islamiste", mais qui n'a même pas permis d'arrêter à temps un assassin même pas très prudent. On sait juste que certains flics, manifestement, n'ont pas hésité à vendre des documents sortis de la procédure judiciaire à Enquête Exclusive.

A la question «  y-a-t-il d'autres Mohammed Merah et comment les reconnaître », le téléspectateur est donc invité à répondre avec les éléments du reportage : en gros, les photos d'un petit garçon arabe , le témoignage de sa principale de collège parlant de ses bagarres violentes dans la cour de récré, les vidéos d'un ado qui fait le con en scooter sur un morceau de rap, la photo d'une jeune femme voilée et maquillée, qui sourit à l'objectif.

Bref, on a la réponse, non ?

Chacun la sienne : pour les uns, Merah était un jeune de cité musulman comme tant d'autres, tous des assassins antisémites en puissance.

Pour les autres, le reportage, vide de sens, plein d'incohérences et d'amalgames encouragera le recours aux thèses conspirationnistes fascistes.

Et puis, pour le Ministre de l'Intérieur, ce sera une enquête ouverte pour apologie du terrorisme contre la sœur de Merah, et annoncée par voie de presse, comme il se doit. Pour un travail sérieux sur la question de l'intégrisme et des réseaux qui propagent l'antisémitisme , on attendra, puisqu' Enquête Exclusive n'en a pas parlé.

On espère que Bernard de la Villardière est un excellent spécialiste de la lutte contre l'intégrisme, puisque c'est Enquête Exclusive qui impulse la stratégie à suivre dans ce domaine.

lundi 27 août 2012

Drogues en stock sur Nations Presse Info

Nations Presse Info est un des sites de propagande officiellement liés au FN, comme l'indique sa présentation : «Nations Presse Info entend diffuser des informations précises, recoupées, aux sources mentionnées et en parfait accord avec l’esprit du mouvement national et patriotique, dont le Front National fondé par Jean-Marie Le Pen et présidé par Marine Le Pen est la principale composante. En ce sens, notre site d’information se différencie fondamentalement des « agences de presse », prétendument « .indépendantes » qui, prenant prétexte d’une fausse liberté, en viennent à désinformer pour d’obscurs intérêts. »

Sa ligne est donc évidemment farouchement nationaliste, chauvine, et protectionniste : le mal absolu serait la mondialisation, et le rêve, une société autarcique où les gentils patrons français exploiteraient en paix les ouvriers.

En ce mois d'août, on y trouve notamment une diatribe vidéo de Philippot, du bureau national du FN contre la « catastrophe » que représenterait le rachat d'un domaine viticole par un patron chinois.

Sur le bandeau droit de la page d'accueil de Nations Presse Info, on trouve une rubrique qui promeut certaines entreprises et commerces : à première vue essentiellement des petites PME qui soutiennent le FN, un restaurant parisien, un hôtel du Sud qui offre le petit-déjeuner aux adhérents FN, un salon de toilettage canin et quelques autres qui ont trouvé intéressant de faire leur pub sur le site.

Mais il y a aussi une petite bannière clickable au nom un peu hermétique « Epzills Pharma ».



De quoi s'agit-il ? D'une pharmacie en ligne. Mais d'un genre un peu particulier. Les prix sont indiqués en dollars, il est impossible de trouver une localisation de l'entreprise, et ne figurent nulle part, les conditions générales de vente et les mentions légales obligatoires en France sur la vente par correspondance.

Et pour cause...

Le site propose tout simplement des médicaments dont la vente n'est pas autorisée en France ou alors seulement sur ordonnance.

Il y a par exemple une rubrique «  Cancer du sein », ou l'on trouve des médicaments comme l'Arimidex, retiré de la vente sous certaines formes en 2009 en France ou le Femara, dont la prescription est évidemment soumise à suivi médical strict, au vu des contre-indications et effets secondaires possibles.



Il y aussi une rubrique «  Dépression ou anxiété », ou l'on peut par exemple se procurer du Xanax, benzodiapépine créant rapidement une très forte dépendance et par ailleurs utilisée comme drogue de rue depuis très longtemps, servant parfois à couper l'héroine. On y trouve aussi de l'Effexor, un antidépresseur dont la prise peut-être mortelle si le patient a été traité avec certaines autres molécules les mois précédents.



Il est aussi possible de se procurer des anti-inflammatoires comme le Feldene ou le Voltarène, dont la consommation sans précautions entraine de graves problèmes pour l'estomac et les intestins, sans compter les problèmes d'accoutumance.

Plus globalement le site offre des rubriques qui incitent à l'auto-médication pour des problèmes aussi graves que les crises cardiaques, l'arthrite,ou l'autisme.

Alors, évidemment il ne s'agit pas de se scandaliser que Nations Presse Info fasse le contraire de ce qu'il prône  en faisant de la pub à du commerce en ligne mené par une entreprise étrangère.

Pour toutes celles et ceux qui n'ont pas le portefeuille bien garni de la famille Le Pen, heureusement qu'acheter français n'est pas une obligation. Et de toute façon, ceux qui ont un patron bien de chez nous savent bien que la nationalité ne change rien à l'exploitation quotidienne.

Le vrai problème, ici, c'est le danger sanitaire représenté par ces entreprises qui contournent la loi : la vente de médicaments soumis à prescription est interdite en France, malheureusement contrôler tous les sites est impossible.

Les « médicaments » vendus sur ces sites sont souvent des contrefaçons, ne comportant pas les même dosages que l'original, les conditions de stockage et de conservation sont aussi fréquemment problématiques. Certains compléments alimentaires vendus sur ces sites et analysés en laboratoire se sont avérés contenir des substances vénéneuses.

Et puis tout simplement, la prise de médicaments sans prescription peut aggraver les pathologies existantes, et de manière globale susciter des pharmaco-résistances susceptibles de compromettre la lutte contre les grandes épidémies.

Bref, ce n'est pas parce qu'un patron Chinois a racheté un domaine viticole que le vin changera de goût , ni que son prix augmenter.
Par contre, les dangers représentés par le trafic international de médicaments sont bien réels, et Nations Presse Info montre au passage le peu d'intérêt qu'il a pour les sympathisants du FN et lecteurs du site qui tomberont malades après avoir acheté des saloperies chez EZ-Pharma.

Mais lorsqu'il s'agit d'augmenter les recettes publicitaires, on peut bien sacrifier ces « pauvres Français » que l'on est censé défendre...

PS : la publication de cet article a entraîné une vive controverse éthique au sein de la rédaction. Fallait-il avertir les lecteurs de Nations Presses Infos des dangers qu'ils couraient ? Ou les laisser s'empoisonner, car ça nous ferait des vacances ? Finalement,n'écoutant que notre bon coeur,  nous avons décidé de vivre sans haine pour le peuple français.

André Gérin, le "communiste" qui aime les camions et les patrons pétainistes

André Gérin est un indéboulonnable du PCF.

Comme son camarade , le député également indéboulonnable, PatriceCarvalho, opposé au mariage pour tous et au droit de vote des étrangers , André Gérin assume son racisme, a sur l'immigration les mêmes idées que le FN et l'UMP et les revendique ouvertement. D'ailleurs la préface d'un de ses livres a été écrite par Eric Raoult.

Gérin et Carvalho ont toujours eu leur place au Parti. Au moins depuis les années 80, où Georges Marchais et d'autres avaient eu l'idée de dire la même chose que l'extrême-droite sur l'immigration, d'arborer le drapeau français et de détruire des foyers au buldozer, histoire de ne pas laisser l'électorat partir au FN.

Ca n'a pas marché, et même d'un point de vue très cynique sur le mode «  on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs ». Le PCF a bien cassé les œufs en s'en prenant aux immigrés et à leurs descendants mais l'omelette , c'est le FN qui la mange.

Pourtant Gérin et consorts sont toujours là, dans l'indifférence générale. Carvalho, député fraichement élu peut annoncer qu'il se battra contre les lobbys homos et des femmes voilées, pour que ni le mariage pour tous, ni le droit des vote des étrangers ne soient adoptés, le PC comme le FDG protestent mollement et puis c'est tout.

Jusqu'où iront Gérin ou Carvalho sans être virés à coups de pied au cul et désavoués par toute la gauche ?

Jusqu'au néo-fascisme en ce qui concerne Gérin, qui dans une tribune passée inaperçue , sauf sur les sites d'extrême droite comme celui d'Alain Soral où elle a été republiée et applaudie, en vient, tranquillement à faire l'apologie d'un patron pétainiste, et de son œuvre colonisatrice ultérieure.

Le patron, c'est Paul Berliet décédé récemment,fils d'Emile Berliet ,une haute figure de la bourgeoisie avant 1945. L'usine de camions Berliet est déjà florissante avant-guerre et Berliet père s'illustre par sa main de fer : sous le Front Populaire, il recourt au lock out, à la répression sans failles, jusqu'à ce que le soutien de la population aux ouvriers le contraigne à céder.

Dès cette époque, il comprend l'intérêt du fascisme de gauche et se rapproche de Doriot, et dès 38 il finance une antenne du PPF au sein de l'usine.

Sous l'occupation, Berliet et ses deux fils sont des vichystes convaincus , actifs et solidaires de Pétain et des nazis jusqu'au bout. Ils gagnent énormément d'argent en fournissant leurs véhicules au Reich, qui en a évidemment grand besoin. En 1942, une grève éclate, contre l'envoi d'ouvriers en Allemagne. Les Berliet la répriment avec la plus grande violence, et fait appel à la police pétainiste pour occuper deux de ses usines.

Le père et les deux fils sont condamnés à la Libération, pour avoir collaboré économiquement avec l'occupant, mais aussi pour avoir livré un ouvrier à la Gestapo. Le père prend deux ans, les fils cinq ans. Mais dès 1949, l'usine est rendue à la famille qui reprend ses activités.

Il faut dire que les camions Berliet n'ont pas fini d'être utiles : le T100 numéro un sera essentiel à l'exploitation pétrolière en Algérie coloniale et l'indépendance de l'Algérie mettra seule fin à la « grande époque Berliet ».

C'est cette grande époque dont Gérin est nostalgique. Ce sont ces collabos pétainistes reconvertis dans l'exploitation économique des colonies, à qui Gerin rend hommage en les qualifiant de « bourgeoisie lyonnaise industrieuse qui ne faisait pas de l'argent en spéculant et en dormant ».
Après avoir dit toute la fierté à avoir travaillé chez Berliet dans les paragraphes suivants de son texte, Gerin est encore plus clair sur ses préférences .

Selon lui, malheureusement, ce qu'il nomme à juste titre «  le pétainisme industriel » a laissé la place à la « dictature de la finance ».

Cette défense de la famille Berliet, Gérin le « communiste » n'est pas le premier à la faire : Berliet , en effet ne sont pas des patrons collaborationniste parmi d'autres, il sont depuis la chute de Vichy, une des références incontournables de l'extrême-droite, à la fois à cause de leurs choix pendant la guerre mais aussi à cause de l' appui de Berliet Père au PPF de Doriot dans les années 30.

Ainsi, Saint Loup , alias Marc Augier, idole de l'extrême-droite néo-nazie, membre du bureau politique de Doriot puis de la LVF, et qui combattra en Allemagne avec les Waffen SS dans les derniers jours du régime hitlérien , a-t-il consacrée un ouvrage laudateur à la dynastie Berliet centré sur le père «  Marius Berliet l'inflexible ».

L'article sur Marius Berliet sur Wikipedia a donné lieu à une offensive de militants d'extrême-droite pour tenter de le faire passer pour une victime de l'épuration.

L'article de Gérin apporte donc une pierre supplémentaire à l'opération de réhabilitation d'une famille de patrons qui s'est inscrite dans le 20ème siècle en participant activement à l'horreur nazie, puis en profitant grassement de la colonisation.

Ce sont ces pétainistes que Gerin regrette en les comparant à « la dictature de la finance », une expression également employée par les SS comme Saint Loup, dans le même contexte , pour désigner les Juifs prétendument maîtres du monde et spoliateurs des gentils patrons ' bien de chez nous. '

Que la similitude sémantique soit inconsciente ou volontaire dans le texte de Gérin, elle y est de toute façon lourde de sens, employée dans un article qui parle avec nostalgie d'un père et d'un fils qui ont livré des ouvriers résistants à la Gestapo.

Et l'apologie du « patron de choc », et de la bourgeoisie lyonnaise n'est pas autre chose politiquement que du doriotisme, lui-même prôné par des anciens communistes passés au fascisme.

Mais Doriot membre du PCF en fut exclu en 1934, avec nombre d'autres communistes , souvent élus et ayant des responsabilités dans le parti.

Aujourd'hui manifestement, on peut être raciste et faire l'apologie de patrons pétainistes admirateurs des nazis, et rester tranquillement au Parti.








Quand le Figaro fait l'apologie d'un documentaire dont la star est Faurisson

Le film de propagande de Béatrice Pignède « Main basse sur la mémoire » n'a malheureusement rien d'exceptionnel dans son sujet , la promotion du négationnisme. Rien d'original non plus dans la stratégie mise en œuvre : comme souvent, on prend prétexte d'une critique de la loi Gayssot et des autres lois contre les apologues des génocidaires et négateurs des génocides pour se livrer à de la propagande fasciste et mettre en lumière quelques leaders ou écrivains de cette mouvance.

Dans le documentaire de Pignède, le personnage central , c'est évidemment Faurisson.

Qui sont les autres intervenants volontaires ? Paul Ricoeur d'abord, philosophe protestant qui en 2000 écrivit notamment un ouvrage sur la mémoire, où certes il condamne le négationnisme mais sans vraiment préciser ce qu'est le négationnisme et tout en se livrant à une critique voulue radicale du témoignage et de sa valeur, notamment en ce qui concerne les rescapés des camps. Paul Ricoeur entretenait un rapport spécifique à la mémoire de la Seconde Guerre Mondiale, puisqu'il ne mentionnait jamais avant que ce ne soit découvert par un autre philosophe sa collaboration à une revue pétainiste mais aussi un texte d'avant-guerre trouvant tout de même certains avantages au fascisme et à Hitler.(http://sens-public.org/spip.php?article537)

Autre intervenante, une universitaire élue au CA de sa faculté sur les listes de droite de l'UNI mais également membre du conseil scientifique de la fondation Respublica de Chevènement, Anne Marie le Pourhiet. Une combattante infatigable contre les droits des minorités, dénonciatrice des soi-disant lobbys homosexuels ou antiracistes ( lire ici une tribune contre le mariage homo sur Causeur).

Voilà pour les deux stars inédites : les autres intervenants entourant Robert Faurisson sont quant à eux des figures devenues classiques de la mouvance rouge-brune, pro-dictateurs , antisémite et conspirationniste : Jacob Cohen, mythomane se prétendant ancien franc-maçon et dévoileur du grand complot des sayanim ( en gros l'ensemble des Juifs de la diaspora presque tous agents du sionisme sauf Jacob Cohen et quelques autres), Jean Bricmont, intellectuel belge ayant depuis longtemps basculé dans l'antisémitisme le plus évident, ayant récemment salué le courage de Faurisson, Annie Lacroix Ritz, néo-stalinienne depuis toujours et réduisant la lutte des classes à un complot de la vilaine synarchie contre les méchants ouvriers, Finkelstein auteur de l'Industrie de l'Holocauste, et l'un des lieutenants de Thierry Meyssan, le fondateur du Reseau Voltaire, actuellement réfugié en Syrie et apologue d'Assad après avoir été celui de Kadhafi.

La principale voie de pénétration des négationnistes comme Faurisson dans la tête des gens qui cherchent à trouver une information « alternative «  au « système » est de se faire passer pour des rebelles persécutés par la justice et boycottés par les médias.

La manière dont ce documentaire a été accueilli par de grands organes de presse et de cinéma démontre absolument le contraire : à commencer par le Figaro, qui non seulement lui consacre une élogieuse critique spécifique mais le choisit aussi pour illustrer un autre article sur le renouveau des documentaires.

C'est Marie Noelle Tranchant qui écrira les deux articles : dans le premier , le film y est décrit comme mettant en lumière les conséquences « néfastes » de la loi Gayssot, et une bonne manière d' «  exercer son esprit critique ». Nulle mention n'y est faite précisément de la présence de Robert Faurisson, ni de la couleur politique réelle de la réalisatrice, ni de sa participation, par exemple, au festival de films négationnistes organisé à Téhéran par le dictateur Ahmadinejad. Manifestement au Figaro, on n'a pas trop envie d'exercer l'esprit critique des lecteurs en leur donnant tous les éléments pour apprécier la nature et la provenance réelle du documentaire.

Le second article intitulé « La vogue des documentaires bat son plein » consacre deux paragraphes sur six à Béatrice Pignède et à son documentaire, paragraphes centraux dans le texte et mis en valeur par un intertitre significatif «  certains débats n'ont pas lieu ». Lesquels ? Selon Pignède et la journaliste, ceux sur Dieudonné, la Lybie...et les lois dites « mémorielles », évidemment. A cause de quoi ? De l'exacerbation des communautarismes , nous dit Marie Noelle Tranchant dans une phrase sans guillemets.

La journaliste du Figaro reprend donc à son propre compte les pseudo-arguments de la propagande fasciste sur la prétendue impossibilité d'aborder certains débats. Elle ne manque pas de mentionner le « prétendu hasard » qui fait que le documentaire sorte en même temps que la proposition de loi contre la négation du génocide arménien.

Ceci n'est pas spécialement étonnant au sens où la coalition politique qui s'est mise en place contre cette loi est exactement la même que celle qui apparaît dans le documentaire : une partie de la droite réactionnaire, toute l'extrême-droite, et une partie de la gauche ayant sombré depuis longtemps dans l'antisémitisme et le conspirationnisme.

Une telle alliance contre les victimes des génocidaires ne pouvait que porter ses fruits en terme de banalisation du négationnisme et c'est ce qui arrive avec ce documentaire, désormais référencé sur les bases de données du type Allo Ciné, mais aussi sur les pages cinéma des grands journaux, par exemple Ciné Obs.

Sur Ciné Obs, c'est carrément la jaquette officielle fournie dans le dossier de presse de Clap 36 qui fait figure de présentation. C'était également le cas sur Allo Ciné avant que des protestations soient adressées au site par plusieurs collectifs et individus. Allo Ciné a donc neutralisé sa présentation, mais en laissant la page , en sus de celle consacrée à Pignède.

La réponse aux critiques qui lui ont été adressées par des internautes résume bien la situation :


« Nous comprenons tout à fait que les idées véhiculées par cette réalisatrice vous heurtent. Néanmoins, Mme Béatrice Pignède a signé des films distribués en salles. A ce titre, il n’est pas illogique ou scandaleux que son nom figure dans notre bases de données et que vous le retrouviez sur le site. C’est une donnée objective »

En gros, pour Allo Ciné comme pour les autres médias, le négationnisme n'est pas un problème en soi et donner un espace à Faurisson, un de ses promoteurs n'est pas un souci non plus tant qu'il est mis en valeur par des gens « respectables » : en l'occurence Pignède est considérée comme telle puisqu'elle a été journaliste pour Arte et pour Arrêt sur Images.

La banalisation du négationnisme franchit donc un nouveau pas avec ce documentaire, et les alliances qui se tissent autour de l'agression permanente des minorités, autour des tentatives de destruction des rares protections législatives existantes se font bien autour du pivot fondamental constitué par la négation des génocides.

Néanmoins, désormais défendus par le Figaro ou Allo Ciné, les négationnistes et leurs amis auront bien du mal à se faire passer pour des rebelles boycottés par le système .