lundi 27 août 2012

André Gérin, le "communiste" qui aime les camions et les patrons pétainistes

André Gérin est un indéboulonnable du PCF.

Comme son camarade , le député également indéboulonnable, PatriceCarvalho, opposé au mariage pour tous et au droit de vote des étrangers , André Gérin assume son racisme, a sur l'immigration les mêmes idées que le FN et l'UMP et les revendique ouvertement. D'ailleurs la préface d'un de ses livres a été écrite par Eric Raoult.

Gérin et Carvalho ont toujours eu leur place au Parti. Au moins depuis les années 80, où Georges Marchais et d'autres avaient eu l'idée de dire la même chose que l'extrême-droite sur l'immigration, d'arborer le drapeau français et de détruire des foyers au buldozer, histoire de ne pas laisser l'électorat partir au FN.

Ca n'a pas marché, et même d'un point de vue très cynique sur le mode «  on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs ». Le PCF a bien cassé les œufs en s'en prenant aux immigrés et à leurs descendants mais l'omelette , c'est le FN qui la mange.

Pourtant Gérin et consorts sont toujours là, dans l'indifférence générale. Carvalho, député fraichement élu peut annoncer qu'il se battra contre les lobbys homos et des femmes voilées, pour que ni le mariage pour tous, ni le droit des vote des étrangers ne soient adoptés, le PC comme le FDG protestent mollement et puis c'est tout.

Jusqu'où iront Gérin ou Carvalho sans être virés à coups de pied au cul et désavoués par toute la gauche ?

Jusqu'au néo-fascisme en ce qui concerne Gérin, qui dans une tribune passée inaperçue , sauf sur les sites d'extrême droite comme celui d'Alain Soral où elle a été republiée et applaudie, en vient, tranquillement à faire l'apologie d'un patron pétainiste, et de son œuvre colonisatrice ultérieure.

Le patron, c'est Paul Berliet décédé récemment,fils d'Emile Berliet ,une haute figure de la bourgeoisie avant 1945. L'usine de camions Berliet est déjà florissante avant-guerre et Berliet père s'illustre par sa main de fer : sous le Front Populaire, il recourt au lock out, à la répression sans failles, jusqu'à ce que le soutien de la population aux ouvriers le contraigne à céder.

Dès cette époque, il comprend l'intérêt du fascisme de gauche et se rapproche de Doriot, et dès 38 il finance une antenne du PPF au sein de l'usine.

Sous l'occupation, Berliet et ses deux fils sont des vichystes convaincus , actifs et solidaires de Pétain et des nazis jusqu'au bout. Ils gagnent énormément d'argent en fournissant leurs véhicules au Reich, qui en a évidemment grand besoin. En 1942, une grève éclate, contre l'envoi d'ouvriers en Allemagne. Les Berliet la répriment avec la plus grande violence, et fait appel à la police pétainiste pour occuper deux de ses usines.

Le père et les deux fils sont condamnés à la Libération, pour avoir collaboré économiquement avec l'occupant, mais aussi pour avoir livré un ouvrier à la Gestapo. Le père prend deux ans, les fils cinq ans. Mais dès 1949, l'usine est rendue à la famille qui reprend ses activités.

Il faut dire que les camions Berliet n'ont pas fini d'être utiles : le T100 numéro un sera essentiel à l'exploitation pétrolière en Algérie coloniale et l'indépendance de l'Algérie mettra seule fin à la « grande époque Berliet ».

C'est cette grande époque dont Gérin est nostalgique. Ce sont ces collabos pétainistes reconvertis dans l'exploitation économique des colonies, à qui Gerin rend hommage en les qualifiant de « bourgeoisie lyonnaise industrieuse qui ne faisait pas de l'argent en spéculant et en dormant ».
Après avoir dit toute la fierté à avoir travaillé chez Berliet dans les paragraphes suivants de son texte, Gerin est encore plus clair sur ses préférences .

Selon lui, malheureusement, ce qu'il nomme à juste titre «  le pétainisme industriel » a laissé la place à la « dictature de la finance ».

Cette défense de la famille Berliet, Gérin le « communiste » n'est pas le premier à la faire : Berliet , en effet ne sont pas des patrons collaborationniste parmi d'autres, il sont depuis la chute de Vichy, une des références incontournables de l'extrême-droite, à la fois à cause de leurs choix pendant la guerre mais aussi à cause de l' appui de Berliet Père au PPF de Doriot dans les années 30.

Ainsi, Saint Loup , alias Marc Augier, idole de l'extrême-droite néo-nazie, membre du bureau politique de Doriot puis de la LVF, et qui combattra en Allemagne avec les Waffen SS dans les derniers jours du régime hitlérien , a-t-il consacrée un ouvrage laudateur à la dynastie Berliet centré sur le père «  Marius Berliet l'inflexible ».

L'article sur Marius Berliet sur Wikipedia a donné lieu à une offensive de militants d'extrême-droite pour tenter de le faire passer pour une victime de l'épuration.

L'article de Gérin apporte donc une pierre supplémentaire à l'opération de réhabilitation d'une famille de patrons qui s'est inscrite dans le 20ème siècle en participant activement à l'horreur nazie, puis en profitant grassement de la colonisation.

Ce sont ces pétainistes que Gerin regrette en les comparant à « la dictature de la finance », une expression également employée par les SS comme Saint Loup, dans le même contexte , pour désigner les Juifs prétendument maîtres du monde et spoliateurs des gentils patrons ' bien de chez nous. '

Que la similitude sémantique soit inconsciente ou volontaire dans le texte de Gérin, elle y est de toute façon lourde de sens, employée dans un article qui parle avec nostalgie d'un père et d'un fils qui ont livré des ouvriers résistants à la Gestapo.

Et l'apologie du « patron de choc », et de la bourgeoisie lyonnaise n'est pas autre chose politiquement que du doriotisme, lui-même prôné par des anciens communistes passés au fascisme.

Mais Doriot membre du PCF en fut exclu en 1934, avec nombre d'autres communistes , souvent élus et ayant des responsabilités dans le parti.

Aujourd'hui manifestement, on peut être raciste et faire l'apologie de patrons pétainistes admirateurs des nazis, et rester tranquillement au Parti.








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